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soubassement dont la corniche est elle-même supportée par de petites colonnes rondes. Des colonnes semblables soutiennent, à droite et à gauche de la construction, deux ponts qui en joignent les côtés extérieurs à deux beaux édicules, situés, comme ceux d’Angcor Wat, aux angles du premier rectangle.

Au centre de tout l’édifice s’élevait un grand sanctuaire, aujourd’hui complètement ruiné. Il devait être de très-fortes proportions, à en juger par ses débris, au milieu desquels on retrouve des blocs énormes. Ce sanctuaire était-il une tour, comme dans la plupart des autres édifices khmers ? L’absence complète de tours dans le reste du monument peut en faire douter. À aucune des entrées, à aucun des angles des diverses enceintes, on ne retrouve ce genre de construction, et ce fait doit être noté comme assez extraordinaire. Deux édicules, faisant face à l’ouest comme les précédents, mais de dimensions moindres, occupent les angles du rectangle intérieur.

Du côté sud, dans l’espace compris entre les deux premières enceintes, sont deux bâtiments rectangulaires à murs élevés. Le plus grand, celui de l’est, reproduit à peu près les dispositions de la construction supplémentaire de la face est ; dans l’autre, la colonnade transversale est supprimée, et il n’y a plus que deux cours intérieures au lieu de quatre. Toutes ces colonnades sont voûtées. Il est probable que ces deux bâtiments servaient à l’habitation des femmes. Ils sont isolés, et l’on n’y voit aucune statue, aucune trace d’une destination religieuse. Le jour ne s’y prend que par les cours, ou par de petites fenêtres hors de portée, pratiquées dans les murailles extérieures. Des compartiments y semblent ménagés pour la surveillance ; les colonnades se prêtent d’ailleurs aisément à toute espèce de division. En certains points, le sol a été relevé au pied des murs comme pour l’établissement d’une suite de lits. Enfin le beau choix des pierres et leur admirable poli à l’intérieur ne se retrouvent nulle part à un degré égal.

Sur les faces est, nord et sud, des galeries couvertes mettent en communication le rectangle le plus intérieur avec la galerie extérieure ; sur la face ouest, un pont à colonnes rondes est jeté entre celle-ci et le second rectangle. Les quatre entrées principales de la galerie extérieure sont précédées de belvéders, en forme de croix, supportés par des colonnes rondes de 0m,90 de hauteur. De ces belvéders partent de belles chaussées en pierre avec balustrades ; elles conduisent à une enceinte éloignée en terres levées, qui paraît avoir eu des murs de soutènement en pierre. Sur l’esplanade dallée qui termine là chaque chaussée, sont de nombreux débris que l’on peut attribuer à des portes monumentales ; au delà est un fossé que traversent des ponts massifs à très-petites ouvertures. Leurs corniches sont soutenues par de petites colonnes rondes. Quelques-uns de ces ponts sont en pierre de Bien-hoa, et leurs arches sont rectangulaires. Tous ont des balustrades en grès.

En dehors du fossé est une nouvelle enceinte en terres levées.

Au sud de la chaussée ouest sont les vestiges d’une tour sans importance.

En avant du belvéder de la face est, des deux côtés de la chaussée, sont des Sra à marches de pierre. Plus en dehors, sont des murs en pierre de Bien-hoa qui semblent déterminer des bassins plus petits. La forêt, très-épaisse en ce point, ne nous a permis qu’une étude incomplète des lieux.