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quatre bassins symétriquement placés par rapport à l’axe du monument ; les deux derniers ont au centre deux gros piliers carrés ; ils étaient peut-être couverts. Dans l’angle nord-est de cette première enceinte, sont quatre pyramides en pierre de Bien-hoa.

En arrière des Sra, est une grande porte monumentale isolée. Elle appartenait peut-être à une seconde enceinte aujourd’hui disparue. On retrouve en effet, vis-à-vis des portes nord et sud de la troisième enceinte, deux constructions qui n’ont aucun but possible si on ne les rattache à une enceinte intermédiaire. Celle-ci n’était formée peut-être que d’une simple muraille dont les traces semblent visibles. En dehors de cette porte monumentale et en avant de la face est de la galerie intérieure, sont deux nouveaux édicules faisant face à l’est.

La galerie intérieure ou troisième enceinte a quatre portes sommées de tours. Au centre est une tour plus grande et deux édicules qui communiquent avec la face est de la galerie.

Toutes ces tours sont semblables à celles d’Angcor Wat.

Le monument est en assez mauvais état, et l’on ne marche que sur des décombres. C’était une résidence d’une importance moindre que Méléa et fort inférieure au point de vue architectural. Les représentations sacrées y sont en grand nombre, tandis que nous ne nous souvenons pas d’en avoir rencontré une seule à Méléa. Elles ont été rassemblées dans les édicules, et il y a parmi ces débris des morceaux d’une réelle valeur. On peut citer entre autres une statue colossale, dont la tête, parfaitement intacte, est d’une belle expression. Çà et là sont des pierres sculptées en forme de bornes dont la base est carrée, et dont la partie supérieure est à pans coupés. Leur destination était peut-être la même que celle des bornes du même genre, en pierre ou en bois, qui sont placées aujourd’hui aux quatre angles des pagodes cambodgiennes pour délimiter le terrain sacré.

Nous ignorons de quelles carrières provient le grès employé à Preacan. Quant à la pierre de Bien-hoa, le sol trahit partout sa présence dans le voisinage.

En dehors de Preacan, à l’est, était creusé un grand bassin qui en occupait toute la façade, c’est-à-dire qui avait environ 400 mètres de large, et qui se prolongeait en longueur pendant un kilomètre au moins. À l’angle sud-est de ce bassin, on voit, à l’intérieur d’une petite enceinte, un monument d’une forme particulière ; c’est une pyramide tronquée quadrangulaire, revêtue extérieurement par des assises de pierre de Bien-hoa en retrait les unes sur les autres. Des escaliers sont pratiqués sur les milieux de chaque face. En haut de ces escaliers, de chaque côté de l’avant-dernière marche, sont des lions, et, tout à fait au sommet, sur le plateau supérieur, sont deux statues de personnages petits et trapus, qui s’appuient sur un bâton et qui représentent peut-être des Neac Ta. À chacun des angles du plateau supérieur sont des éléphants en grès d’un mètre de haut, d’une bonne facture. Au centre est un trou carré de 1m,50 environ, parementé en grès. La base de cette pyramide a environ 20 mètres de côté, le plateau supérieur a moins de 10 mètres.

Il y a quelques autres ruines peu importantes dans le voisinage de Preacan ; mais on peut considérer cette résidence comme la limite des vestiges khmers que l’on peut espérer retrouver dans la direction de l’est. Au delà on arrive dans le pays des Kouys, dont le premier village est à cinq lieues.