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en vue de nos convenances particulières. Le roi était venu y rendre une visite officielle au commandant de Lagrée ; son ambition secrète était d’obtenir la présence de la Commission française et de son escorte armée pour la solennité qui devait avoir lieu à la pagode royale. Il paraissait beaucoup tenir à ce que ses sujets pussent constater en quels excellents termes il était avec les Français. Le commandant de Lagrée lui promit d’accéder à ce désir.

Les fêtes commencèrent le 24 octobre. Les Laotiens et les sauvages des parties les plus éloignées de la province affluèrent dès le matin au chef-lieu ; toutes les pagodes regorgèrent d’offrandes ; les mandarins, les parents, les amis échangèrent entre eux les présents d’usage. Le soir, des festins et des concerts s’organisèrent dans toutes les cases ; un feu d’artifice composé de quelques fusées fut tiré sur le fleuve.


costumes observés pendant les courses de bassac.

Ce fut le lendemain qu’eut lieu la prestation de serment. Un bonze remplit le personnage du souverain de Siam, et le roi de Bassac lui jura obéissance et fidélité. En même temps, les eaux du fleuve furent solennellement consacrées et bénites ; c’était là sans doute, à l’époque de l’indépendance, la partie essentielle de la fête. La présence de M. de Lagrée et des quelques baïonnettes françaises qui l’escortaient ne contribua pas peu à sa splendeur. Le cliquetis des armes manœuvrées à l’européenne remplit le roi de fierté et les nombreux spectateurs d’admiration. Pour comble de bonheur, un fils naquit ce jour-là au roi de Bassac.

Des régates sur le fleuve remplirent le troisième jour des fêtes et en furent la partie la plus intéressante au point de vue des costumes, de l’animation, de la couleur locale. Ces longues pirogues, dont quelques-unes atteignaient jusqu’à 28 mètres de long,