Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
226
NAVIGABILITÉ, DÉBIT ET MARNAGE DU CAMBODGE.

rivière d’Attopeu et de celle de Tonly Repou, et que la première de ces deux rivières roule une masse d’eau qui peut être évaluée, au moment de l’inondation, au quart au moins du débit du Cambodge à Stung Treng. De telle sorte que l’on peut estimer à 60 ou à 70 000 mètres cubes la masse d’eau que le Cambodge, à l’époque des hautes eaux, déverse par seconde à Pnom Penh. Les mesures prises par M. Delaporte à Lakon, situé à deux degrés plus au nord que Bassac, font ressortir en ce point, à la fin de la saison sèche, un débit de 1 350 mètres cubes par seconde. (Voy. p. 266-269.)

Comme points de comparaison, on peut citer, à côté de ces chiffres, le débit minimum de l’Iraouady, évalué par M. T. Login à la tête du delta, à 2 130 mètres cubes ; celui du Gange qui, pendant la saison des pluies, est de 167 000 mètres cubes, et enfin celui de la Seine qui débite à Paris 150 mètres cubes par seconde.

Il faudra des observations, suivies pendant plusieurs années, pour arriver à constater les changements moyens de niveau du fleuve d’une saison à l’autre. On reste certainement plutôt au-dessous qu’au-dessus de la vérité en l’évaluant à 12 mètres dans la partie de la vallée comprise entre Cratieh et Pnom Penh. Le marnage ne paraît pas différer sensiblement au-dessus ou au-dessous des cataractes de Khon. Les quelques chiffres qui suivent peuvent donner une idée de la marche descendante des eaux du fleuve :

  BASSAC. KHONG. KHON[1]. STUNG-TRENG.
Époque du niveau maximum en 1866. 20 septembre. »» »» »»
Baisse des eaux le 14 octobre 5m,80 »» »» »»
— le 3 novembre 7 ,20 4m,00 0m,60 6m,15
— le 18 novembre 8 ,08 5 ,00 0 ,80 7 ,10
— le 1er décembre 8 ,80 »» »» »»

On voit que la baisse des eaux se prononce moins rapidement dans le bassin inférieur du fleuve, ce qui s’explique par la plus longue durée de la saison des pluies dans cette région. Comme on devait s’y attendre, plus on s’approche des cataractes, plus le marnage diminue. Aux points de chute, il devient insignifiant. Il y a donc entre Bassac et les cataractes 12 mètres de différence de niveau de plus à l’époque des hautes eaux que pendant la saison sèche ; c’est là une des causes qui, au moment de l’inondation, viennent augmenter la vitesse du courant.



  1. Au sala situé près de la pointe nord de l’île, à trois kilomètres environ en amont de la chute de Salaphe.