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VOYAGE À PNOM PENH.

du consulat anglais de Bankok. Ils avaient parcouru la plus grande partie du Laos, et j’obtins d’eux des données politiques et géographiques qui, un an plus tard, m’étaient encore utiles. Ils m’offrirent quelques présents que je refusai, et me demandèrent une lettre de recommandation pour le consul de France à Bankok. Je fus étonné de l’influence énorme que ces mots « consul farang[1], » qui n’impliquent du reste aucune nationalité distincte, ont dans cette région, où n’ont pas encore pénétré les Européens. Le moindre bout de papier, écrit en caractères romains, est un excellent passe-port et un fragment de lettre, informe et déchiré, est aussi bon pour cet usage qu’un diplôme paraphé et scellé. C’est à l’aide d’une pièce de cette nature que des marchands birmans, se disant sujets anglais, prétendirent à l’impunité pour certains désordres commis à Oubôn pendant le séjour de l’expédition. Le roi, fort embarrassé de les voir se réclamer des autorités de Rangoun, et n’osant agir contre eux, réclama le concours du commandant de Lagrée pour réprimer leur insolence. Celui-ci déclina sa compétence et en prit occasion pour déclarer au gouverneur laotien que, si le gouvernement français réclamait aide et protection pour ses sujets quand ils se conformaient aux lois et aux coutumes du pays, il était disposé à punir sévèrement ceux qui les enfreindraient[2]. La confusion qui existe entre les différentes nations européennes est si grande au Laos que le roi revint encore à la charge et remit à M. de Lagrée, au moment de son départ, une plainte écrite contre ces Birmans. Le chef de l’expédition ne put que s’en référer à ses premières déclarations.


CHAR À BŒUFS LAOTIEN.

  1. Farang ou Falang, selon la prononciation laotienne qui est très-rebelle aux r, n’est que la corruption du mot Franc par lequel dès le moyen âge, on désignait les Européens dans toute l’Asie occidentale.
  2. Le général Fytche, gouverneur des provinces anglaises en Birmanie, a fait rechercher les auteurs de ces désordres ; ils n’étaient munis d’ailleurs d’aucun passeport.