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SUR LES DÉCOUVERTES GÉOGRAPHIQUES.

un an à Ajuthia, la capitale, et en repart en novembre 1519, escorté de deux bâtiments siamois, destinés à le protéger contre les entreprises du roi de Bintang, alors en guerre avec les Portugais. En 1516, Henri de Leme avait atterri à Martaban, dans le Pégou. Odoardo Barbosa visite et décrit à la même époque presque tous les royaumes de la péninsule et meurt assassiné avec l’illustre Magellan dans l’île de Cébu (1521).

Les aventuriers portugais se répandent à cette époque de tous côtés dans l’intérieur du pays, vivement attirés par les offres brillantes de rois toujours en guerre les uns contre les autres et désireux de s’assurer le concours des armes et de la valeur européennes. C’est ainsi que Domingo de Seixas séjourne vingt-cinq années dans le Siam, Antonio Correo plusieurs années dans le Pégou, que Fernando de Moraes s’engage avec cinquante de ses compatriotes au service du roi de ce pays et succombe après une belle défense dans une bataille navale livrée au roi de Brama (1538). À ce moment, se rapportent aussi les curieuses aventures et les longues pérégrinations dont Fernand Mindez Pinto nous a laissé l’intéressant récit. Sous les ordres d’Antonio de Faria, Pinto touche à Poulo-condor (1540), parcourt les côtes du Tsiampa et de la Cochinchine, relâche à l’île d’Haïnan et recueille de nombreux renseignements sur la géographie et la distribution politique de l’intérieur de l’Indo-Chine. Après un long séjour en Chine, il retourne en 1544 à Martaban, et se met, avec plusieurs de ses compagnons, au service de Brama, qui réussit à s’emparer de cette ville peu après son arrivée. Il fait partie d’une ambassade envoyée par le vainqueur au roi de Calaminham, et fait un long trajet dans l’intérieur du pays. Toute cette relation, où les royaumes de Xieng Mai, d’Ava, de Pégou, de Siam, jouent un grand rôle, est malheureusement très-confuse et l’auteur s’est laissé trop souvent égarer par son imagination. Il est possible cependant de tirer de son récit de précieux renseignements.

Il faut citer encore parmi les aventuriers portugais qui jouèrent à cette époque un rôle dans les guerres de la péninsule, Diogo Soarez de Mello[1], qui vers 1546 paraît avoir eu le titre de gouverneur du Pégou, Fernando de Noronha, José de Sousa, Athanasio de Aguiar, tous les quatre au service du roi de Brama ; Diogo Pereira, qui, malgré la présence de ses compatriotes dans le camp du roi de Brama, prêta son concours au roi de Siam pour défendre sa capitale assiégée (1548), et réussit à en empêcher la prise.

Toute cette période, si riche en voyageurs, si remplie de faits, et pendant laquelle les Européens se mélangèrent si intimement aux nations indo-chinoises, que l’on peut constater encore en certains endroits l’influence du contact des Portugais sur la race indigène, est très-pauvre en écrivains instruits et en observateurs sérieux. La géographie intérieure de l’Indo-Chine reste aussi peu connue, et les mœurs, l’histoire, l’ethnographie de ses populations, sont les moindres des préoccupations du moment.

Des navigateurs français, les frères Parmentier, avaient fait deux voyages aux îles de la Sonde et en Chine vers 1525 et 1529, mais ne paraissent avoir abordé sur aucun point des côtes de la partie de l’Asie qui nous occupe.

En 1565, les Espagnols prirent possession des Philippines, d’où ils ne tardèrent pas à

  1. Probablement le même que Diogo Soarez d’Albergaria, surnommé Galego, dont parle Fernand Mendez Pinto.