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DE HOUTÉN À VIEN CHAN.

Ce rapide est situé à peu de distance de l’embouchure d’un ruisseau, Huei Bambat, qui sert de limite aux provinces de Ponpissay et de Saniaboury. Les roches qui forment Keng Sdoc sont sur deux lignes parallèles dirigées au S. 10 E., et inclinées de 30 à 40° vers l’ouest. Un autre massif montagneux peu élevé, celui de Phou Hong, succède, sur la rive droite, à celui de Phou Ngou, auquel maintenant nous tournions le dos.


ARRIVÉE À BAN BOUNCANG UN JOUR DE FÊTE.

Nous arrivâmes le 20 mars à l’embouchure d’un affluent navigable, le Nam San, qui paraissait provenir de cette nouvelle chaîne. Un grand et beau village, Bouncang, s’élevait vis-à-vis, sur la rive droite, et nous prîmes terre, vers quatre heures du soir, sur la magnifique plage de sable que la baisse des eaux avait laissée à découvert au pied des maisons et des jardins qui bordaient le fleuve. Une fête mettait toute la population en liesse : c’était jour de pleine lune, consacré, comme l’on sait, par les rites bouddhiques. Les pagodes regorgeaient de fleurs, de fruits et de fidèles. Dans les rues du village, un grand nombre de marchands ambulants se disputaient les faveurs de la foule. Il me sembla même que le nombre et la variété des étalages offerts au public attestaient une civilisation plus raffinée et des goûts moins simples que ceux du Laos méridional. Le commerce avec Bankok par Korat trouve un débouché facile sur ce fertile et populeux plateau que le fleuve contourne si paisiblement à partir de Ban Mouk et dont le Se Moun est une des grandes artères. Quant aux denrées indigènes, nous remarquâmes pour la première fois l’apparition de la cannelle[1].

Mais pour moi le plus grand intérêt de notre halte était moins dans le spectacle animé

  1. Cette écorce provient probablement du Laurus cassia. Il est à remarquer que les Annamites et les Laotiens lui donnent le même nom : Koué. Les premiers ont sans doute emprunté ce nom aux seconds sur le territoire desquels ils vont chercher la cannelle.