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MUSIQUE LAOTIENNE.

En terminant ce chapitre, je crois devoir dire quelques mots de la musique laotienne. De tous les rameaux de la race mongole, les Thai paraissent un des mieux doués au point de vue musical. Ils ont presque tous les instruments que l’on trouve en usage en Birmanie et au Cambodge. Il en est un qui leur est spécial, c’est le Khen, déjà décrit par Mouhot sous le nom d’orgue laotien. Il se compose de dix à seize bambous de grandeur croissante, accouplés par paires, et réunis transversalement par un bambou plus gros. Celui-ci est muni d’une embouchure par laquelle on souffle et il communique avec tous les autres par des trous que l’on peut boucher avec les doigts. On peut, par suite, faire sortir autant de notes qu’il y a de trous bouchés. Il y a des Khens de toutes dimensions, depuis un mètre jusqu’à quatre mètres. Un autre instrument familier aux Laotiens est une sorte de fifre ou de hautbois nommé cluï qui se marie assez bien à l’instrument précédent.

La musique laotienne est surtout une musique d’improvisation. Sur un premier thème toujours fort simple, le musicien brode une interminable série de variations. Je donne ici un duo pour Cluï et Khen qui a été noté par M. Delaporte. On y trouve un essai de dessin mélodique d’une grande douceur, soutenu d’un accompagnement presque toujours à la tierce de l’octave inférieur, et quelquefois à l’unisson. La différence de timbre des deux instruments donne un caractère original à cette ébauche de parties concordantes.

Les airs de Cluï ressemblent beaucoup aux appels monotones de flageolet, si chers aux bergers de certaines campagnes françaises, et sur lesquels, malgré le petit nombre de notes dont ils disposent, ils réussissent à greffer des variations où le trille joue le principal rôle.