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DE LUANG PRABANG À MUONG YONG.

terrompre leurs occupations que lorsqu’elles doivent donner le sein. Il n’est pas rare de voir des Laotiens prendre en mariage des femmes sauvages, et dans ce cas elles tiennent un rang égal à celui de leurs compagnes laotiennes.

Les sauvages de Xieng Khong appartiennent à la grande tribu des Lemet, qui habite surtout la vallée du Nam Ta, sur la rive gauche du Mékong, et dont la plus grande partie reconnaît l’autorité de Luang Prabang[1].


PALMIERS ÉVENTAILS DANS LES RUINES DE XIENG SEN.

Le 14 juin, à une heure de l’après-midi, nous quittâmes Xieng Khong dans six barques[2] : c’était la dernière fois que nous devions nous servir de ce moyen de locomotion en explorant le cours du Cambodge. Heureusement pour l’inexpérience de nos bateliers, la navigation du fleuve était facile en ce moment. Çà et là quelques roches isolées se montraient encore dans son lit ; elles disparurent bientôt ; le courant s’affaiblit : on sentait que la pente générale du sol redevenait très-faible. De belles forêts s’élevaient sur les rives, qui s’aplanissaient de plus en plus.

Le fleuve, qui à Xieng Khong paraît venir du nord-ouest, tourne bientôt brusquement à l’ouest, et dans cette direction on a devant soi une plaine sans limites, dont l’horizon s’estompe à peine de légères et lointaines ondulations. Nulle part le Cambodge n’avait eu d’aussi belles apparences de navigabilité. Ce ne devait être malheureusement qu’une trêve bien courte à ses fureurs.

À partir de ce point, il décrit un long et paresseux détour vers le sud ; on dirait qu’il se plaît à s’attarder dans cette plaine et à y reposer ses eaux de leur course fatigante au milieu des montagnes et des roches.

  1. Voy. Atlas, 2e partie, pl. I, la figure 13 qui représente un Lemet de Xieng Khong.
  2. Voy. pour la suite du récit la carte itinéraire no 7, Atlas, 1re partie, pl. X.