le cerf encore palpitant. Ne pouvant songer à l’emporter tout entier, ils en avaient détaché le train de l’arrière, et, arrivés à Siemlap, ils l’avaient salé. Nous nous trouvions ainsi à la tête d’une provision de venaison qui allait subvenir à nos besoins pendant plusieurs jours.
La veille de notre arrivée à Siemlap, les autorités du village avaient expédié à Xieng Kheng la lettre du commandant de Lagrée. Celui-ci demanda à partir pour cette ville sans attendre la réponse, s’appuyant sur l’assentiment du roi de Xieng Tong, qui emporterait évidemment le consentement de son plus jeune frère. Après quelques hésitations, le chef du village refusa, et il ne nous resta plus qu’à attendre patiemment le résultat

de cette nouvelle démarche. L’état de santé de l’expédition était déplorable : les dernières
marches que nous venions de faire dans la forêt, dont le sol, détrempé par les premières
grandes pluies, exhalait des miasmes dangereux et recelait des myriades de sangsues,
avaient produit des accès de fièvre et des ulcères aux pieds qui retenaient couché la moitié
de notre personnel. Le mauvais état des chemins, les mers de boue ou les marais qu’il
fallait traverser pour sortir des environs immédiats du village, nous privaient de la
distraction habituelle des excursions ou des promenades et réduisaient à l’oisiveté la
plupart d’entre nous. L’àpreté des habitants, qui accusaient tous les jours davantage leur
intention d’exploiter notre situation et de nous faire payer des prix énormes pour le