quatre cheveux sacrés… On cite encore les noms de quatre autres olohantas qui vinrent : Anouta, Oupaha, Soupitha, Tauna. Ils apportèrent un os de la tête, un os de la jambe et d’autres reliques encore. »
« Sourang Cavati était roi du pays et donna un vase en or et un vase en pierre précieuse. On y plaça les reliques et on les déposa dans un trou profond de vingt brasses. Le roi vint alors célébrer une grande fête : il avait avec lui sa femme Sida, ses quatre fils Keomarou, Chomsivirat, Onghat et Somsnouc. »
« Sept ans après, le grand olohanta mourut ; on l’enterra dans la direction de l’ouest, à une distance de cent vingt brasses, au lieu où s’élève aujourd’hui une petite pyramide. »
« Le roi d’Alevy décida que les habitants seraient consacrés au Chaydey (Chaitya), et il y venait trois fois par an célébrer une fête. »
« Cinq cents ans après le Nippan, le roi de Pathalibot (Patalipoutra ou Patna), Açoka Thamarat, vint combattre le royaume de Vitheara. Il remporta la victoire et résolut de faire la guerre au royaume Keo (Tong-king). Le roi de ce pays se précipita dans la rivière et les grands se soumirent sans combat. Açoka demanda à voir le corps du roi et le ressuscita. Puis il lui rendit son royaume, qu’il appela Chounrakni. Rentré à Pathalibot à la suite de ses victoires, il envoya des mandarins pour faire élever quatre-vingt-quatre mille monuments religieux dans toute l’étendue des pays soumis à sa domination. Il fit surélever le Chaydey de Muong Yong et il vint lui-même y célébrer une fête. »
On voit que, suivant l’usage, le Tât de Muong Yong se rattache aux événements les plus anciens et les plus célèbres de l’établissement du bouddhisme ; la chronologie locale est un peu en défaut, puisqu’elle place aux environs de notre ère le règne du pieux Açoka, qui vivait au milieu du troisième siècle avant Jésus-Christ ; les Cambodgiens commettent une erreur analogue quand ils attribuent à ce prince la création de l’ère 78 qui est en usage chez eux (voy. ci-dessus, p. 101). On peut conclure peut-être de ces anachronismes que la conversion de l’Indo-Chine orientale au culte de Bouddha est de beaucoup postérieure à l’époque d’Açoka.
Le 20 août, je reçus une lettre du commandant de Lagrée, écrite à moitié route de Xieng Tong. Il avait dû abandonner le chemin direct et contourner par le sud le massif montagneux qui sépare Muong Yong de Xieng Tong. Le pays qu’il avait traversé était habité par des sauvages appelés Does ; leur science agricole et leur industrie ne sont pas moindres que celles des Laotiens. Ils sont costumés à peu près comme les Thai-Lus : turban rouge, pantalon et veste de couleur bleue foncée. Leurs villages sont grands et bien construits ; les maisons, qui sont très-vastes, se touchent, au lieu d’être disséminées au hasard comme celles des Laotiens ; leurs toits tombent très-bas et forment tout à l’entour une sorte de galerie couverte. Les jardins, où l’on remarque des plants de thé cultivés avec soin, sont en dehors du village. L’eau, peu abondante sur les hauteurs qu’ils habitent, oblige les Does à se grouper dans un espace étroit ; elle est amenée près des maisons par des conduits en bambou. Les routes qui avoisinent les villages sont bien entretenues et soigneusement fermées par des barrières en bois, pour empêcher les bestiaux de vaguer dans les cultures voisines, parmi lesquelles domine celle du coton.