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et là, des troupeaux de moutons, de chèvres, de bœufs et de buffles, paissent sur le flanc des collines. Celles-ci contiennent des carrières de marbre et de cette pierre particulière que les Chinois appellent « pierre d’azur ».

La culture du pavot a amené la disparition, sur le marché de Yun-nan, d’une denrée très-importante, la cire. Au dire des indigènes, les abeilles, autrefois très-nombreuses dans cette partie de la Chine, ont éprouvé pour la fleur du pavot, la même attraction malsaine que le Chinois éprouve pour le suc qu’on retire de son fruit. À l’époque où fleurissent les champs de pavots, ces insectes accouraient en foule y butiner, mais ils ne pouvaient ensuite reprendre goût à une autre nourriture et ils succombaient dans l’intervalle de deux saisons.

On nous cita un autre exemple de ce singulier attrait que le pavot exerce sur les animaux aussi bien que sur l’homme. Dans une bouillerie d’opium de la ville, on avait remarqué que des rats venaient en grand nombre, le soir, humer les vapeurs qui s’échappaient des fourneaux. À la suite de l’occupation momentanée de Yun-nan par les Mahométans, la bouillerie cessa de fonctionner et fut abandonnée pendant quelque temps. Quand un nouveau propriétaire vint s’y installer, il trouva sur le clayonnage resté en place, plusieurs cadavres de rats : ils étaient morts de faim en attendant la jouissance qu’ils avaient coutume d’éprouver en respirant les vapeurs de l’opium !

Le lac de Yun-nan, qui est le plus considérable de toute la province, se déverse dans le Yang-tse kiang, par une rivière qui sort de l’extrémité sud-ouest du lac, près de la ville de Kouen-yang tcheou. Il porte le nom de « mer de Tien ». Le royaume de ce nom occupait jadis une grande partie de la province de Yun-nan.

Il convient d’interrompre un instant ce récit, pour donner quelques indications historiques sur la contrée que nous venons de parcourir.