Pékin, il a ordonné à tous ses sujets de laisser pousser leurs cheveux, et s’il a défendu l’émigration, il a permis au contraire aux négociants et aux porteurs chinois venus du dehors de conserver la queue signe distinctif de leur provenance. Les barbiers du village de Nioung-poung-tse, situé près de la douane établie à l’entrée du territoire mahométan, ont fort à faire pour raser tous ceux qui entrent dans le royaume de Ta-ly ou tous ceux qui parviennent à en sortir. Les premiers tiennent à conserver le signe distinctif qui leur permettra de retourner chez eux, les seconds agissent en haine de leurs oppresseurs. Le mandarin de Pin-tchouen, de qui dépend la douane de Nioung-poung-tse, a les ordres les plus sévères pour protéger les marchands. Si ceux-ci sont dévalisés par les Lolos ou les bandes de soldats sans aveu qui battent la campagne, les villages les plus voisins du théâtre du crime doivent payer le dommage causé. Inutile d’ajouter que la taxe qui leur est imposée est toujours plus forte que la perte subie et que les autorités tirent ainsi double profit de la protection qu’elles accordent au commerce. On exporte dans le Se-tchouen, par la route de Nioung-poung-tse, du thé qui vient de Pou-eul, et du sel provenant des puits du sud et de l’ouest de la province. On importe des cotonnades, de la mercerie, des porcelaines et des faïences grossières, des parapluies, des chapeaux et autres objets de vannerie et de boissellerie.
Les échanges entre le Tibet et le royaume de Ta-ly consistent en houang-lien et en pe-mou, matières végétales fort usitées dans la médecine chinoise, en raisins secs, en rhubarbe, en musc, en étoffes de laine, cornes de cerf, fourrures d’ours et de renard, en or, cire, gommes-résines, huile de noix. Ces marchandises payent à Oue-si, un droit d’un dixième de tael par charge de bête de somme. Les produits importés du Yun-nan entrent en franchise dans le Tibet ; ils consistent en argent, en thé, en cotonnades, en vin de riz, en sucre et divers objets de mercerie et de quincaillerie.
La petite ville d’A-ten-tse, située au nord d’Oue-si, est le point d’arrivée d’un autre courant commercial qui de Tchong-kin fou, dans le Se-tchouen, se dirige par Ya-tcheou et Ta-tsien-lou vers le Tibet. Les produits échangés dans cette direction sont les mêmes que ceux que nous venons de citer.
La production industrielle du royaume de Ta-ly a beaucoup diminué depuis la guerre. Elle était importante au point de vue métallurgique. Les mines de cuivre de Long-pao, de Ta-kong, de Pe-iang sont les plus importantes de cette région où se trouvent aussi des gisements d’or, d’argent, de mercure, de fer, de plomb et de zinc. À Ho-kin, on fabrique du papier de bambou ; à Ta-ly, l’or et l’argent s’échangent dans le rapport de 1 à 12. La chair d’âne est très-estimée et il s’en débite des quantités considérables. Le musc se vend sur les lieux mêmes au poids de l’argent. Dans la vallée de Pien-kio, il y a de nombreux moulins à sucre. À Ho-tchang, au nord de Kouang-tia-pin, se trouvent des fabriques de chaudrons et de bassines enfer. Il y aurait, dit-on, du platine dans le pays.