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rêves ; il nous tardait de nous assurer de sa réalité. Nous partîmes le 10 juin sur le vapeur américain le Plymouth-Rock. Thomas Ko nous avait devancés à Han-keou et s’embarqua avec nous. Le 12 juin, nous jetâmes l’ancre en rade de Shang-hai ; la plus gracieuse hospitalité nous attendait au Consulat général de France ; nous retrouvâmes chez Mme Brenier de Montmorand ce charme et cette élégance française dont nous avions, hélas ! perdu les traditions. Les barbares qu’elle a reçus jadis sont heureux de lui témoigner ici leur respectueuse admiration.

La colonie française de Shang-hai tint à honneur de fêler la petite troupe d’explorateurs. Un banquet qui nous fut donné par nos compatriotes, me fournit l’occasion de les remercier de leur enthousiaste et patriotique réception.

Le 19 juin, nous quittâmes Shang-hai sur le paquebot des Messageries le Dupleix ; nous arrivâmes à Saigon le 29. M. le contre-amiral Ohier, gouverneur de la Cochinchine française, n’avait reçu que l’avant-veille le rapport dans lequel je lui annonçais la mort de M. de Lagrée. Cette perte fut vivement ressentie dans la colonie, où le souvenir des services et des éminentes qualités de cet officier vivait dans toutes les mémoires. Des honneurs extraordinaires furent rendus à son cercueil, qui fut inhumé dans le cimetière de Saigon. Un petit monument y rappelle aujourd’hui la mémoire de cet homme de bien, de ce vaillant soldat de la France. Si quelque chose peut consoler les siens, c’est la pensée qu’il est mort au champ d’honneur le plus enviable : celui de la science et de la civilisation.


TOMBEAU DU COMMANDANT DE LAGRÉE, À SAIGON.