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Chacun d’eux vient prendre place sous un dais magnifique, où des femmes qui portent des coffrets et des éventails s’empressent auprès d’eux. Ils tiennent des fleurs à la main ou des enfants sur leurs genoux.

Au-dessus sont représentées diverses scènes où l’on reconnaît différentes types des tribus sauvages de l’Indo-Chine. Quelques-uns sont précipités dans l’enfer, sans doute pour avoir résisté aux tentatives de conversion de la race civilisatrice ; quelques autres, au contraire, entrent dans le ciel.

Entre les supplices et le paradis est figurée une scène intermédiaire, qui représente, disent les indigènes, le roi Pathummasurivong venant de fonder la ville d’Angcor. Il est entouré de ses femmes et d’un long cortège de guerriers.

Tous ces bas-reliefs ne datent pas de la même époque, et à côté de sculptures d’une délicatesse et d’une habileté incontestables, on trouve de grossières ébauches qui ne peuvent avoir été produites qu’à une époque de décadence. Telles sont les sculptures de la face nord à l’est et de la face est au nord.

Revenons maintenant à la face ouest. Trois galeries parallèles s’ouvrent vis-à-vis des trois péristyles de l’entrée par laquelle nous avons pénétré dans l’édifice. La galerie du milieu est à quadruple rangée de colonnes ; les autres sont fermées extérieurement par un mur. Elles sont reliées ensemble par une galerie qui divise en quatre compartiments égaux l’espace qui les sépare. Une porte s’ouvre à chacune de ces extrémités, dans le mur des galeries extérieures ; du seuil de ces portes on aperçoit les deux grands et beaux édicules qui s’élèvent dans la cour intérieure et les hauts escaliers qui conduisent aux tours d’angle du second étage. La partie centrale de cet ensemble de galeries forme une croix grecque dont les bras sont terminés par des portiques contre lesquels les colonnades viennent s’appliquer en pilastres. C’est là que l’on trouve les colonnes de la plus grande dimension ; les fûts ont 49 centimètres de côté, et leur hauteur atteint 4,25 m. La largeur de la colonnade centrale est de 3,64 m d’axe en axe.

Second et troisième étages. — Ces galeries servent à passer de la galerie des bas-reliefs à l’étage supérieur de l’édifice. Elles aboutissent à trois escaliers couverts au-dessus desquels leur voûte s’élève par gradins successifs. (Voy. le dessin ci-contre, p.51.) Les ruptures correspondantes des toits sont masquées par des tympans sculptés. Cinq péristyles sur la face est, et un sur chacune des faces nord et sud, s’ouvrent dans le mur inférieur de la galerie des bas-reliefs et achèvent de mettre le premier étage en communication avec le second. Celui-ci se compose d’une nouvelle galerie rectangulaire, supportée par un soubassement de 6 mètres de hauteur. Des tours s’élèvent aux quatre angles. Les colonnes sont remplacées partout par des murs coupés de fenêtres. Celles qui font face au dehors sont fausses, et le jour ne parvient dans la galerie que par les fenêtres intérieures. En outre des trois escaliers couverts par lesquels nous sommes parvenus à cette galerie, il y a encore onze entrées, deux à chaque angle, et une au milieu de chacune des trois autres faces. On y monte par des escaliers de vingt-quatre marches. Dix péristyles donnent accès dans la cour intérieure, au centre de laquelle s’élève le troisième étage de l’édifice. Son aspect est des plus imposants. Il est exactement carré. Un soubassement de 10 mètres de haut lui sert de piédestal.