Page:Louis Hachette - Instruction populaire et suffrage universel, 1861.djvu/31

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cette ignorance nuit au développement de leurs facultés morales et intellectuelles. Elles sont incapables d’exercer avec le discernement nécessaire les droits politiques qui leur ont été conférés.

L’enseignement primaire est insuffisant pour élever convenablement le niveau de l’instruction générale. Il prépare les esprits, mais ne les forme pas. Il leur donne les moyens de s’instruire, mais ne les instruit pas.

Les connaissances indispensables à tout homme appelé à la pratique intelligente d’une profession et à l’exercice de droits civils et politiques importants ne peuvent s’acquérir qu’après la sortie des écoles, par des lectures volontaires.

Deux obstacles insurmontables s’opposent à la diffusion des livres et des publications périodiques : d’abord les lois et règlements qui limitent au gré du pouvoir administratif le nombre des brevets de libraire, et des autorisations de journaux ; et ensuite l’élévation des tarifs postaux en ce qui concerne le transport des imprimés et des feuilles périodiques.

Si le gouvernement consentait à déclarer libre le commerce de la librairie, et à accorder largement des autorisations de journaux ; s’il abaissait les tarifs postaux au niveau des tarifs belges, à savoir, un centime pour chaque numéro de journal y compris les suppléments et pour chaque feuille imprimée, quels qu’en soient le poids ou la dimension ; s’il supprimait l’impôt du timbre pour les journaux et les brochures politiques, il donnerait une immense impulsion à la librairie française ; il assurerait le prompt développement de l’instruction populaire en France ; il élèverait le niveau intellectuel du pays et par suite aussi son niveau moral.