Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sert de la guerre pour faire diversion aux troubles intérieurs[1] ; gagne les vaincus par des bienfaits s’ils se soumettent, les admet par degré dans la grande famille romaine ; et, s’ils résistent, les frappe sans pitié et les réduit à l’esclavage[2] ; — de là cette préoccupation de multiplier sur les territoires conquis la race des laboureurs et des soldats ; — de là enfin l’imposant spectacle d’une ville qui devient un peuple et d’un peuple qui embrasse l’univers.

  1. « Une sédition s’élevait déjà entre les patriciens et le peuple, et la terreur d’une guerre si soudaine (avec les Tiburtins) l’étouffa. » (Tite-Live, VII, xii.) — « Appius Sabinus, pour prévenir les maux qui sont une suite inévitable de l’oisiveté jointe à l’indigence, voulait occuper le peuple dans les guerres du dehors, afin que, gagnant sa vie par lui-même, et trouvant abondamment sur les terres de l’ennemi les vivres qui manquaient à Rome, il rendît en même temps quelque service à l’État, au lieu de troubler mal à propos les sénateurs dans l’administration des affaires. Il disait qu’une ville qui disputait, comme Rome, l’empire à toutes les autres, et qui en était haïe, ne pouvait pas manquer d’un honnête prétexte pour faire la guerre ; que, si l’on voulait juger de l’avenir par le passé, on verrait clairement que toutes les séditions qui avaient jusqu’alors déchiré la République n’étaient jamais arrivées que dans les temps de paix, lorsqu’on ne craignait plus rien au dehors. « (Denys d’Halicarnasse, IX, xliii.)
  2. Claudius fit aussi la guerre dans l’Ombrie et s’empara de la ville de Camerinum, dont il vendit les habitants comme esclaves. (Voy. Valère Maxime, VI, v, § 1. — Tite-Live, Epitome, XV.) Camille, après la prise de Veïes, fait vendre les têtes libres à l’encan. (Tite-Live, V, xxii.) — En 365, les prisonniers, la plupart Étrusques, furent vendus à l’encan. (Tite-Live, VI, iv.) — Les auxiliaires des Samnites, après la bataille d’Allifæ (447), furent vendus comme esclaves au nombre de 7 000. (Tite-Live, IX, xlii.)