Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

révèlent mieux encore à quel degré d’opulence la Macédoine était arrivée. Tous déployaient dans leurs habits et sur leur table un faste pareil à celui des rois[1]. Dans le butin fait par Paul-Émile, se trouvent des tableaux, des statues, de riches tapisseries, des vases d’or, d’argent, de bronze et d’ivoire, qui étaient autant de chefs-d’œuvre[2]. Aucun triomphe n’égala le sien[3].

Valère d’Antium estime à plus de 120 millions de sesterces (environ 30 millions de francs) l’or et l’argent exposés en cette occasion[4]. La Macédoine, on le voit, avait absorbé les anciennes richesses de la Grèce. La Thrace, longtemps barbare, commençait aussi à sortir de l’état d’infériorité où elle avait langui. De nombreuses colonies grecques, fondées sur les rivages du Pont-Euxin, y faisaient pénétrer la civilisation et le bien-être, et, parmi ces colonies, Byzance, quoique souvent inquiétée par les barbares ses voisins, avait déjà une importance et une prospérité qui présageaient ses futures destinées[5]. Des étrangers, affluant de toutes parts dans ses murs, y avaient introduit une licence qui devint proverbiale[6]. Son commerce était surtout alimenté par des

  1. Tite-Live, XLV, xxxii.
  2. Tite-Live, XLV, xxxiii.
  3. Il dura trois jours ; le premier suffit à peine à faire défiler les 250 chariots chargés des statues et des tableaux ; le second jour, ce fut le tour des armes, placées sur des chars que suivaient 3 000 guerriers portant 750 urnes remplies d’argent monnayé : chacune, soutenue par quatre hommes, contenait trois talents (en tout, plus de 13 millions de francs). Après eux venaient ceux qui portaient les coupes d’argent ciselées et sculptées. Le troisième jour, on vit paraître, dans la pompe triomphale, les porteurs d’or monnayé, avec 77 urnes, dont chacune contenait trois talents (en tout, environ 17 millions) ; paraissait ensuite une coupe sacrée, du poids de dix talents, et enrichie de pierres précieuses, faite par les ordres du général romain. Tout cela précédait les prisonniers, Persée et les siens ; enfin le char du triomphateur. (Plutarque, Paul-Émile, xxxii, xxxiii.)
  4. Tite-Live, XLV, xl.
  5. Polybe, IV, xxxviii, xliv, xlv.
  6. Aristote, Politique, VI, iv, § 1. — Élien, Histoires Variées, III, xiv.