Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/155

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fondés sur les côtes, étaient presque les seules productions de l’île.


Sicile.

XXIII. La Sicile, appelée par les anciens le séjour favori de Cérès, devait son nom aux Sicanes ou Sicules, race qui avait jadis peuplé une partie de l’Italie ; des colonies phéniciennes, et ensuite des colonies grecques, s’y étaient établies. En 371, les Grecs occupaient la partie orientale, environ les deux tiers de l’île ; les Carthaginois, la partie occidentale. La Sicile, à cause de sa prodigieuse fertilité, était, on le comprend, un objet de convoitise pour les deux peuples ; bientôt elle le fut pour Rome elle-même, et, après la conquête, elle devint le grenier de l’Italie[1]. Les discours de Cicéron contre Verrès montrent les quantités prodigieuses de blé qu’elle expédiait, et à quel chiffre élevé montaient les dîmes ou taxes qui procuraient aux publicains des profits immenses[2].

Les villes qui, sous la domination romaine, diminuèrent d’importance, en avaient une considérable au temps dont nous parlons. La première d’entre elles, Syracuse, capitale du royaume de Hiéron, comptait 600 000 âmes ; elle était composée de six quartiers compris dans une circonférence de 180 stades (36 kilomètres) ; elle fournit, lorsqu’elle fut conquise, un butin égal à celui de Carthage[3]. D’autres cités rivalisaient avec Syracuse en étendue et en puissance. Agrigente, au temps de la première guerre punique, contenait 50 000 soldats[4] ; c’était une des principales places d’armes de la Sicile[5]. Panormus (Palerme), Drepanum (Trapani) et

  1. Cicéron, IIe action contre Verrès, II, ii, lxxiv. — Les bœufs fournissaient des cuirs, employés surtout pour les tentes ; les moutons, une laine excellente pour les vêtements.
  2. Cicéron, IIe action contre Verrès, III, lxx.
  3. Tite-Live, XXV, xxxi.
  4. Polybe, I, xvii et xviii.
  5. Polybe, IX, xxvii. — Strabon, VI, ii, 226.