Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/171

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fois, comme à l’égard des Mamertins, elle montrait une sympathie intéressée en faveur d’une faible nation exposée à de fréquentes collisions avec les Carthaginois. Asdrubal avait reçu l’ordre d’exécuter le nouveau traité ; mais il fut assassiné par un Gaulois en 534, et l’armée, sans attendre les ordres de Carthage, acclama pour son chef Annibal, alors âgé de vingt-neuf ans. En dépit des factions rivales, ce choix fut maintenu, et peut-être quelque hésitation de la part du conseil de Carthage eût-elle amené la révolte des troupes. Le parti des Barca l’emporta dans le gouvernement, et confirma le pouvoir du jeune général. Adoré des soldats, qui voyaient en lui leur élève, il exerçait sur eux une autorité absolue et croyait avec ces vieilles bandes pouvoir tout oser.

Les Sagontins étaient en guerre avec les Torbolètes[1], alliés ou sujets de Carthage. Au mépris du traité de 526, Annibal vint assiéger Sagonte et s’en empara après un siège de plusieurs mois. Il prétendait qu’en attaquant ses propres alliés, les Sagontins avaient été les agresseurs. Ceux-ci s’étaient hâtés d’implorer le secours de Rome. Le sénat se borna à expédier des commissaires, les uns auprès d’Annibal, qui ne les écouta pas, les autres à Carthage, où ils n’arrivèrent que lorsque déjà Sagonte avait cessé d’exister. Un butin immense, envoyé par le vainqueur, avait fait taire la faction hostile aux Barca, et le peuple, comme les soldats, exalté par le succès, ne respirait que la guerre. Les ambassadeurs romains, envoyés pour exiger des indemnités et même demander la tête d’Annibal, furent mal reçus et revinrent en déclarant les hostilités inévitables.

Rome s’y prépara avec sa fermeté et son énergie ordinaires. L’un des consuls eut ordre de passer en Sicile et de là en Afrique, l’autre de diriger une armée par mer sur

  1. Appien, Guerres d’Espagne, x.