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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/183

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de son consulat à chercher Philippe et son armée ; Villius avait joint l’ennemi, mais avait été rappelé avant d’avoir livré bataille ; Quinctius, retenu la plus grande partie de l’année à Rome par des soins religieux, avait poussé la guerre avec assez de vigueur pour la terminer entièrement s’il eût pu arriver à sa destination avant que la saison fut si avancée. À peine dans ses quartiers d’hiver, il se disposait à recommencer la campagne au printemps, de manière à la finir heureusement, pourvu qu’un successeur ne vînt pas lui arracher la victoire[1]. » Ces raisons prévalurent, et le consul fut prorogé dans son commandement.

Ainsi les guerres continuelles tendaient à introduire la stabilité des pouvoirs militaires et la permanence des armées. Les mêmes légions avaient passé dix ans en Espagne, d’autres presque aussi longtemps en Sicile ; et quoique, à l’expiration de leur service, on renvoyât les anciens soldats, les légions restaient toujours sous les armes. De là vint la nécessité de donner des terres aux soldats qui avaient fini leur temps ; et, en 552, on assigna aux vétérans de Scipion, pour chaque année de service en Afrique et en Espagne, deux arpents des terres confisquées sur les Samnites et les Apuliens[2].

Ce fut la première fois que Rome prit des troupes étrangères à sa solde, tantôt des Celtibères, tantôt des Crétois envoyés par Hiéron de Syracuse[3], enfin des mercenaires, et un corps de Gaulois mécontents qui avaient abandonné l’armée carthaginoise[4].

Beaucoup d’habitants des villes alliées étaient attirés à Rome[5], où, malgré les sacrifices imposés par la guerre, le commerce et le luxe prenaient plus d’extension. Les

  1. Tite-Live, XXXII, xxviii.
  2. Tite-Live, XXXI, iv, xlix.
  3. Tite-Live, XXIV, xlix. — Polybe, III, lxxv.
  4. Zonare, Annales, VIII, 16.
  5. Tite-Live, XXXIX, iii.