Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/187

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d’une société en progrès. Observateurs religieux de la tradition et des anciennes coutumes, les Romains ne paraissaient pas détruire ce qu’ils remplaçaient ; ils appliquaient les anciennes formes aux nouveaux principes, et introduisaient ainsi des innovations sans secousse et sans affaiblir le prestige des institutions consacrées par le temps.


Guerre de Macédoine (554).

VII. Pendant la seconde guerre punique, Philippe III, roi de Macédoine, avait attaqué les établissements romains en Illyrie, envahi plusieurs provinces de la Grèce et fait alliance avec Annibal. Obligé de contenir ces dangereuses agressions, le sénat, de 540 à 548, entretint sur les côtes de l’Épire et de la Macédoine des forces imposantes ; uni à la ligue Étolienne et à Attale Ier, roi de Pergame, il avait contraint Philippe à la paix. Mais, en 553, après la victoire de Zama, ce prince ayant attaqué de nouveau les villes libres de Grèce et d’Asie alliées de Rome, la guerre lui fut déclarée. Le sénat ne pouvait oublier qu’à cette dernière bataille se trouvait un contingent macédonien dans les troupes carthaginoises, et qu’il restait encore en Grèce un grand nombre de citoyens romains vendus comme esclaves après la bataille de Cannes[1]. Ainsi, de chaque guerre naissait une guerre nouvelle, et tout succès entraînait fatalement la République à en poursuivre d’autres. Maintenant la mer Adriatique allait être franchie, d’abord pour abaisser la puissance macédonienne, ensuite pour appeler à la liberté ces villes célèbres, berceau de la civilisation. Les destinées de la Grèce ne pouvaient être indifférentes aux Romains, qui lui avaient emprunté ses lois, ses sciences, sa littérature et ses arts.

Sulpicius, chargé de combattre Philippe, débarqua sur les côtes d’Épire et pénétra en Macédoine, où il remporta

  1. « L’Achaïe seule en avait douze cents pour sa part. » (Tite-Live, XXXIV, l.)