Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/198

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ne voyaient pas d’ailleurs sans une certaine satisfaction les Macédoniens l’emporter sur les Romains. À leurs yeux, c’était la civilisation hellénique qui abattait la présomption des barbares de l’Occident.

Les campagnes de 584 et 585 ne furent pas plus heureuses pour les armes de la République. Un consul eut l’idée téméraire d’envahir la Macédoine par les gorges de Callipeucé, où son armée eût été exterminée si le roi avait eu le courage de s’y défendre. À l’approche des légions il prit la fuite, et les Romains se tirèrent sans perte d’une position périlleuse[1]. Enfin le peuple, sentant la nécessité d’avoir à la tête de l’armée un homme éminent, nomma consul Paul-Émile, qui dans la Cisalpine avait donné des preuves de ses talents militaires. Déjà la plupart des Gallo-Grecs traitaient avec Persée. Les Illyriens, les peuples du Danube offraient de le seconder. Les Rhodiens et le roi de Pergame lui-même, persuadés que la fortune allait se déclarer pour le roi de Macédoine, lui faisaient des propositions d’alliance ; il les marchanda avec la plus inexplicable légèreté. Cependant l’armée romaine, habilement conduite, s’avançait à grandes journées. Une seule rencontre termina la guerre, et la bataille de Pydna, en 586, prouva une fois de plus la supériorité de la légion romaine sur la phalange. Celle-ci pourtant ne succomba pas sans gloire, et, bien qu’abandonnés par leur roi, qui prit la fuite, les hoplites macédoniens se firent tuer à leur poste.

Instruits de la défaite, Eumène et les Rhodiens s’empressèrent, par la promptitude de leur repentir, de faire oublier qu’ils avaient douté de la fortune de Rome[2]. Dans le même temps, L. Anicius soumit l’Illyrie et s’empara de la personne de Gentius. La Macédoine fut partagée en quatre

  1. Tite-Live, XLI, v.
  2. Tite-Live, XLV, xxi et suiv.