Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

armes. Il traita de même les Gaulois cispadans ; quant à leurs voisins de la rive gauche du Pô, il leur conféra le droit du Latium. Cette sage mesure divisa les confédérés[1] : la plupart se soumirent. Les Samnites, presque seuls, continuèrent à combattre dans leurs montagnes avec la fureur du désespoir. L’émancipation de l’Italie fut accompagnée toutefois d’une mesure restrictive qui devait conserver aux Romains la prépondérance dans les comices. Aux trente-cinq tribus anciennes, on en ajouta huit nouvelles dans lesquelles tous les Italiotes furent inscrits, et, comme les votes se comptaient par tribu, et non par tête, on voit que l’influence des nouveaux citoyens devait être à peu près nulle[2].

L’Étrurie n’avait pris aucune part à la guerre sociale. La noblesse était dévouée à Rome, et le peuple vivait dans une condition voisine du servage. La loi Julia, qui donnait aux Italiotes le droit de cité romaine, et qui prit le nom de son auteur, le consul L. Julius César, produisit chez les Étrusques une révolution complète. Elle fut accueillie avec enthousiasme.

Tandis que l’Italie était en feu, Mithridate VI, roi du Pont, voulut profiter de l’affaiblissement de la République pour s’agrandir. En 664, il envahit la Bithynie et la Cappadoce, et en chassa les rois alliés de Rome. En même temps il nouait des intelligences avec les Samnites, auxquels il promettait des subsides et des soldats. Telle était la haine qu’inspiraient alors les Romains aux peuples étrangers, qu’un ordre de Mithridate suffit pour soulever la province d’Asie, où, en un seul jour, quatre-vingt mille Romains furent massacrés[3]. Déjà la guerre sociale tirait à sa fin. À l’exception du Samnium, toute l’Italie était soumise, et le sénat pouvait s’occuper des provinces éloignées.

  1. Cette mesure contenta les Étrusques. (Appien, Guerres civiles, I, v, 49.)
  2. Velleius Paterculus, II, xx. — Appien, Guerres civiles, I, v, 49.
  3. Voyez la note 3 de la page 202.