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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/287

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commandement d’environ mille hommes, était le premier échelon, auquel arrivaient facilement les jeunes gens de la noblesse, soit par l’élection, soit par le choix des généraux[1]. César ne semble pas avoir profité de cette nouvelle position pour prendre part aux guerres importantes dans lesquelles était engagée la République. Et cependant le bruit des armes retentissait de toutes parts.

En Espagne, Sertorius continuait avec succès la guerre commencée depuis 674 contre les lieutenants de Sylla. Rejoint, en 677, par Perpenna, à la tête de trente cohortes[2], il avait formé une armée redoutable, maintenu avec énergie le drapeau de Marius, et donné à une réunion de 300 Romains le nom de Sénat. Vainqueur de Metellus pendant plusieurs années, Sertorius, doué d’un vaste génie militaire, exerçant sur les Celtibériens et les Lusitaniens une grande influence, maître des défilés[3], songeait alors à franchir les Alpes. Déjà les Espagnols lui donnaient le nom de second Annibal. Mais Pompée, envoyé en toute hâte en Espagne, vint renforcer l’armée de Metellus, enlever à Sertorius tout espoir de pénétrer en Italie et le repousser même loin des Pyrénées. Les efforts réunis des deux généraux ne réussirent pas cependant à soumettre l’Espagne, qui, en 680, avait été presque entièrement reconquise par Sertorius. Mais, peu après cette époque, ses lieutenants essuyèrent des revers, les désertions se mirent dans son armée, et lui-même perdit de son assurance. Il aurait néanmoins résisté encore long-

  1. Les tribuns à la nomination du général s’appelaient ordinairement rufuli, parce qu’ils avaient été établis par la loi de Rutilius Rufus ; les tribuns militaires élus par le peuple se nommaient comitiati ; ils étaient réputés de véritables magistrats. (Pseudo-Asconius, Commentaire sur le premier discours de Cicéron contre Verrès, p. 142, éd. Orelli ; et Festus, au mot Rufuli, p. 261, Müller.)
  2. Plutarque, Sertorius, xv, xvi.
  3. « L’ennemi était déjà maître des défilés qui mènent en Italie ; du pied des Alpes, il (Pompée) l’avait refoulé en Espagne. » (Salluste, Lettre de Pompée au Sénat.)