Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/289

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deux ans avec succès contre les forces romaines, lorsque enfin, en 683, Licinius Crassus, à la tête de huit légions, le défit en Apulie. Spartacus périt dans le combat ; le reste de l’armée des esclaves se partagea en quatre corps, dont l’un, en se retirant vers la Gaule, fut facilement dispersé par Pompée, qui revenait d’Espagne. Les six mille prisonniers faits dans la bataille livrée en Apulie furent pendus tout le long de la route de Capoue à Rome.

Les occasions de se perfectionner dans le métier des armes ne manquaient donc pas à César ; mais on comprend son inaction, car les partisans de Sylla étaient seuls à la tête des armées : en Espagne, Metellus et Pompée ; le premier, beau-frère du dictateur ; le second, autrefois son meilleur lieutenant ; en Italie, Crassus, ennemi de César, également dévoué au parti de Sylla ; en Asie, Lucullus, ancien ami du dictateur, qui lui avait dédié ses Mémoires[1]. César trouvait donc partout ou une cause qu’il ne voulait pas défendre, ou un général sous lequel il ne voulait pas servir. En Espagne, cependant, Sertorius représentait le parti qu’il eût le plus volontiers embrassé ; mais César avait horreur des guerres civiles. Tout en demeurant fidèle à ses convictions, il semble, dans les premières années de sa carrière, avoir évité avec soin de mettre entre ses adversaires et lui cette barrière infranchissable qui sépare toujours, après le sang versé, les enfants d’une même patrie. Il avait à cœur de conserver à ses hautes destinées un passé pur de toute violence, afin que, dans l’avenir, au lieu d’être l’homme d’un parti, il put rallier à lui tous les bons citoyens.

La République avait triomphé partout, mais il lui restait à compter avec les généraux vainqueurs ; elle se trouvait en présence de Crassus et de Pompée, qui, fiers de leurs succès, s’avançaient vers Rome, à la tête de leurs armées,

  1. Plutarque, Lucullus, viii.