Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/303

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lui-même au premier rang, il fut très-utile à César, qui mit tous ses soins à gagner sa confiance. « Il existait alors à Rome, dit Plutarque, trois factions, qui avaient pour chefs Pompée, César et Crassus ; Caton, dont le pouvoir n’égalait pas la gloire, était plus admiré que suivi. La partie sage et modérée des citoyens était pour Pompée ; les gens vifs, entreprenants et hardis s’attachaient aux espérances de César ; Crassus, qui tenait le milieu entre ces deux factions, se servait de l’une et de l’autre[1]. »

Pendant son premier consulat, Crassus semble ne s’être occupé que d’extravagantes dépenses et avoir conservé une neutralité prudente. Il fit un grand sacrifice à Hercule et lui consacra la dixième partie de ses revenus ; il offrit au peuple un immense festin dressé sur dix mille tables, et donna à chaque citoyen du blé pour trois mois[2].

Pompée s’occupa de choses plus sérieuses, et, soutenu par César, il favorisa l’adoption de plusieurs lois, qui toutes annonçaient une réaction contre le système de Sylla.

La première eut pour effet de donner de nouveau aux tribuns le droit de présenter des lois et d’en appeler au peuple ; déjà on leur avait rendu, en 679, la faculté de parvenir aux autres magistratures.

La seconde avait rapport à la justice. Au lieu de laisser au sénat seul le pouvoir judiciaire, le préteur Aurelius Cotta, oncle de César, proposa une loi qui devait concilier tous les intérêts, en autorisant à prendre les juges par tiers dans les trois classes, c’est-à-dire dans le sénat, dans l’ordre équestre et parmi les tribuns du trésor, la plupart plébéiens[3].

  1. Plutarque, Crassus, viii.
  2. Plutarque, Crassus, i et xvi.
  3. « Cotta judicandi munus, quod C. Gracchus ereptum senatui, ad equites, Sylla ab illis ad senatum transtulerat, æqualiter inter utrumque ordinem partitus est. » (Velleius Paterculus, II, xxxii.)