Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/305

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habitué à voir céder devant lui et l’arrogance de Sylla et la majesté des lois. Malgré un premier refus du dictateur, il avait obtenu à vingt-six ans les honneurs du triomphe, sans avoir rempli aucune des conditions légales. Malgré les lois, un second triomphe lui avait été accordé, ainsi que le consulat, quoique hors de Rome et sans avoir suivi la hiérarchie obligée des magistratures. Plein de présomption par les exemples du passé, plein de confiance dans l’avenir par les adulations du présent, il pensait pouvoir blesser les grands dans leurs intérêts sans se les aliéner, et flatter les goûts et les passions du peuple sans rien perdre de sa dignité. Vers la fin de son consulat, lui, le premier magistrat de la République, lui qui se croyait au-dessus de tous, il se présenta comme simple soldat à la revue annuelle des chevaliers. L’effet momentané fut immense, lorsque les censeurs, assis sur leur tribunal, virent Pompée traverser la foule, précédé de tout l’appareil du pouvoir consulaire, et amener devant eux son cheval, qu’il tenait par la bride. La foule, silencieuse jusque-là, éclata en transports, saisie d’admiration à l’aspect d’un si grand homme se glorifiant d’être simple chevalier et se soumettant modestement aux prescriptions légales. Mais à la demande des censeurs, s’il avait fait toutes les campagnes exigées par la loi, il répondit : « Oui, je les ai toutes faites, n’ayant jamais eu que moi pour général[1]. » L’ostentation de la réponse montre que la démarche de Pompée était une fausse modestie, forme la plus insupportable de l’orgueil, suivant l’expression de Marc-Aurèle.


César questeur (686).

III. César ne dédaignait point non plus les cérémonies, mais il cherchait à leur donner une signification qui fît impression sur les esprits. L’occasion se présenta bientôt.

  1. Plutarque, Pompée, xxi