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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/320

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n’avait encore osé les traduire en justice[1]. César, malgré la loi de Sylla, les mit en accusation.

Sous sa présidence, en qualité de judex quæstionis, L. Luscius, qui, par ordre du dictateur, avait fait périr trois proscrits, et L. Bellienus, oncle de Catilina et meurtrier de Lucretius Ofella, furent mis en jugement et condamnés[2]. Catilina, accusé à l’instigation de L. Lucceius, orateur et historien, ami de César, pour avoir tué le célèbre M. Marius Gratidianus, fut absous[3].


Conspirations contre le Sénat (690).

VIII. Tandis que César s’efforçait de réagir légalement contre le système de Sylla, un autre parti, composé d’ambitieux et de mécontents perdus de dettes, tentait depuis longtemps d’arriver au pouvoir par les complots. De ce nombre avaient été, dès 688, Cn. Pison, P. Sylla, P. Autronius et Catilina. Ces hommes, avec des antécédents divers et des qualités différentes, étaient également décriés, et cependant ils ne manquaient pas d’adhérents dans la classe inférieure, dont ils flattaient les passions ; dans la classe élevée, dont ils servaient la politique ou les rancunes. P. Sylla et Autronius, après avoir été désignés consuls en 688, avaient été rayés pour brigue de la liste du sénat. La rumeur publique mêla à leurs sourdes manœuvres les noms de Crassus et de César ; mais était-il probable que ces deux hommes, dans des positions si opposées, et même divisés entre eux, se fussent entendus pour entrer dans un complot vulgaire ; et n’était-ce pas une nouvelle inconséquence de la calomnie d’associer dans la même conspiration César, à cause de ses immenses dettes, et Crassus, à cause de ses immenses richesses ?

  1. Cicéron, Troisième discours sur la loi agraire, iv.
  2. Dion-Cassius, XXXVII, x. — Asconius, Commentaire sur le discours de Cicéron « In toga candida, » p. 91, 92, éd. Orelli.
  3. Asconius, « In toga candida, » p. 91.