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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/389

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CHAPITRE CINQUIÈME.

CONSULAT DE CÉSAR ET DE BIBULUS.

(695)

Tentatives de conciliation.

I. César est parvenu à la première magistrature de la République. Consul avec Bibulus à quarante et un ans, il n’a pas encore acquis la juste célébrité de Pompée, il ne jouit pas des trésors de Crassus, et cependant son influence est peut-être plus grande que celle de ces deux personnages. L’influence politique, en effet, ne dépend pas seulement des succès militaires ou de la possession d’immenses richesses ; elle s’acquiert surtout par une conduite toujours d’accord avec des convictions arrêtées. César seul représente un principe. Depuis l’âge de dix-huit ans, il a affronté les colères de Sylla et l’inimitié des grands, pour faire valoir sans cesse et les griefs des opprimés et les droits des provinces.

Tant qu’il n’est pas au pouvoir, exempt de responsabilité, il marche invariablement dans la voie qu’il s’est tracée, ne transige avec personne, poursuit sans ménagement les adhérents du parti opposé, et soutient énergiquement ses opinions, au risque de blesser ses adversaires ; mais, une fois consul, il abdique tout ressentiment et fait un appel loyal à ceux qui veulent se rallier à lui ; il déclare au sénat qu’il n’agira pas sans son concours, qu’il ne proposera rien de contraire à ses prérogatives[1]. Il offre à son collègue Bibulus une généreuse réconciliation, le conjurant, en pré-

  1. Dion-Cassius, XXXVIII, i.