Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/420

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pour veiller à ce que son départ ne devint pas le signal du renversement de son œuvre.


Lois de Clodius. Exil de Cicéron.

VI. Pendant ce temps Clodius, esprit inquiet et turbulent[1], fier de l’appui qu’il avait prêté aux triumvirs comme de celui qu’il en recevait, n’écoutait plus que sa passion et faisait voter des lois, dont quelques-unes, flattant la populace et même les esclaves, menaçaient l’État d’anarchie. En vertu de ces lois, il rétablissait les associations politiques (collegia), clubs dangereux pour la tranquillité publique[2], que Sylla avait dissous, qui s’étaient depuis réorganisés, pour être encore supprimés en 690[3] ; il faisait des distributions gratuites de blé au peuple, ôtait aux censeurs le droit de rayer du sénat qui bon leur semblait, leur permettant

    lorsque Cornelius Scipion partit pour la guerre contre Antiochus, il y avait aux portes de Rome cinq mille volontaires, tant citoyens qu’alliés, qui avaient fait toutes les campagnes sous les drapeaux de son frère, Scipion l’Africain. (Tite-Live, XXXVII, iv.) — « Lorsque Flamininus partit pour rejoindre les légions qui étaient en Macédoine, il prit avec lui trois mille vétérans qui avaient combattu contre Annibal et Asdrubal. » (Plutarque, Flamininus, iii.) — « Marius, avant de partir pour la guerre contre Jugurtha, fit un appel à tout ce que le Latium avait de plus vaillants soldats. La plupart lui étaient connus pour avoir servi sous ses yeux, le reste de réputation. Par ses sollicitations, il força jusqu’aux vétérans à partir avec lui. » (Salluste, Guerre de Jugurtha, lxxxiv.)

  1. « Aujourd’hui il (Clodius) s’agite, il s’emporte, il ne sait ce qu’il veut, il fait des démonstrations hostiles à droite et à gauche, et semble vouloir laisser à l’occasion à décider de ses coups. Quand il pense à l’impopularité de l’ordre de choses actuel, on dirait qu’il va se ruer contre ses auteurs ; mais, quand il voit de quel côté sont les moyens d’action et la force armée, il fait volte-face contre nous. » (Cicéron, Lettres à Atticus, II, xxii.)
  2. Ces clubs (collegia compitalitia) avaient une organisation presque militaire, divisée par quartiers et composée exclusivement de prolétaires. (Voyez Mommsen, Histoire romaine, III, p. 290.) — « Les esclaves enrôlés sous prétexte de former des corporations. » (Cicéron, Discours après son retour au sénat, xiii.)
  3. On excepta cependant, en 690, les corporations d’artisans. — Asconius, « In Pisone », IV, p. 7 ; « In Corneliana », p. 76, éd. Orelli.