Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/97

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la flotte carthaginoise avec cette fière déclaration : « La République n’entreprend de guerres que celles qu’elle peut soutenir avec ses propres forces[1]. » Tandis que 50 000 hommes, sous les ordres du consul Lævinus, marchent contre le roi d’Épire, afin d’empêcher sa jonction avec les Samnites, un autre corps d’armée entre dans la Lucanie. Le consul Tiberius Coruncanius maintient l’Étrurie, de nouveau agitée. Enfin un corps de réserve garde la capitale.

Lævinus rencontra le roi d’Épire près d’Héraclée, colonie de Tarente (474). Les légions chargèrent à sept reprises la phalange, près de céder, lorsque les éléphants, inconnus aux Romains, vinrent décider la victoire en faveur de l’ennemi. Une seule bataille avait livré à Pyrrhus tout le sud de la Péninsule, où les villes grecques l’accueillirent avec enthousiasme.

Mais, quoique vainqueur, il avait éprouvé des pertes sensibles et reconnu à la fois la mollesse des Grecs d’Italie et l’énergie d’un peuple de soldats. Il offrit la paix et demanda au sénat la liberté des Samnites, des Lucaniens, et surtout des villes grecques. Le vieil Appius Claudius la déclara impossible tant que Pyrrhus occuperait le sol de l’Italie. Son avis l’emporta, et la paix fut refusée. Le roi se résolut alors à marcher contre Rome en passant par la Campanie, où ses troupes firent un grand butin.

Lævinus, rendu prudent par sa défaite, se contenta d’observer l’armée ennemie et parvint à couvrir Capoue ; de là il suivit Pyrrhus d’étape en étape, épiant une occasion favorable. Ce prince, s’avançant sur la voie Latine, était arrivé sans obstacle jusqu’à Préneste[2], lorsque, entouré par trois armées romaines, il se vit forcé de rétrograder et de se

  1. Valère Maxime, III, vii, 10.
  2. Appien (Guerres samnites, X, iii, p. 65) dit que Pyrrhus s’avança jusqu’à Anagnia.