Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’élevait au moins à 60 000 soldats, sans compter les servants pour les machines, les conducteurs et les valets, qui, d’après l’exemple cité par Orose, montaient à un chiffre très-considérable[1].

Après avoir assuré les vivres, César partit de Besançon, dans la seconde quinzaine de mai, passa la Saône à Seveux (Voir planche 4), traversa le pays des Lingons dans la direction de Langres, à Bar-sur-Aube, et entra, vers Vitry-le-François, sur le territoire des Rèmes, ayant mis environ quinze jours à parcourir 230 kilomètres, distance de Besançon à Vitry-le-François[2].

Les Rèmes furent le premier peuple belge qu’il rencontra sur sa route (qui proximi Galliæ ex Belgis sunt). Frappés de sa soudaine apparition, ils envoyèrent deux députés, Iccius et Andecumborius, les premiers personnages du pays, pour faire leur soumission, offrir des vivres et toute espèce de secours. Ceux-ci lui apprirent que tous les Belges étaient en armes, que les Germains d’en deçà du Rhin s’étaient joints à la coalition ; quant aux Rèmes, ils s’étaient refusés d’y prendre part, mais l’exaltation était si grande qu’ils n’avaient pas pu détourner de leurs projets belliqueux les Suessions eux-mêmes, qui cependant leur étaient unis par une communauté d’origine, de lois et d’intérêts. « Les Belges, ajoutaient-ils, fiers d’avoir été autrefois les seuls de la Gaule à préserver leur territoire de l’invasion des Cimbres et des Teutons, avaient la plus haute idée de

  1. « En l’an 642, le consul C. Manlius et le proconsul Q. Cæpion furent battus par les Cimbres et les Teutons, et il périt 80 000 Romains ou alliés et 40 000 valets (calones et lixæ). De toute l’armée il ne s’échappa que dix hommes. » (Orose, V, xvi). Ces données sont sans doute exagérées, puisque Orose paraît avoir puisé ses renseignements dans Valerius d’Antium, et que celui-ci, selon Tite-Live (XXXIII, x ; XXXVI, xxxviii), avait l’habitude de grossir ses chiffres.
  2. Ce trajet, le plus direct pour aller de Besançon chez les Rèmes, est indiqué encore aujourd’hui par de nombreux vestiges de la voie romaine qui joignit plus tard Vesontio à Durocortorum (Besançon à Reims).