Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/244

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Guerre contre Ambiorix.

VI. L’époque de la moisson approchant, César se mit en marche contre Ambiorix, avec ses dix légions, réduites de la garde laissée au pont du Rhin. Il partit de Bonn et s’avança vers le pays des Éburons, par Zulpich et Eupen (Voir planche 14), à travers la forêt des Ardennes, qui s’étendait, on s’en souvient, depuis les rives du Rhin jusqu’au pays des Nerviens. Dans l’espoir de surprendre l’ennemi, il envoya en avant L. Minucius Basilus, avec toute la cavalerie, lui recommanda de ne pas allumer des feux, qui révéleraient son approche, et lui annonça qu’il le suivrait de près.

Basilus, fidèle à ses instructions, tomba à l’improviste sur un grand nombre d’Éburons, alla droit vers les lieux où l’on disait Ambiorix retiré avec quelques cavaliers, réussit à pénétrer jusqu’à la demeure de ce chef et lui enleva ses équipages ; mais celui-ci, protégé par quelques-uns des siens, s’échappa à cheval à travers les bois ; ses partisans se dispersèrent. C’est ainsi que la fortune, qui à la guerre joue un si grand rôle, favorisa à la fois l’entreprise contre Ambiorix et son salut. Le chef éburon envoya secrètement des messages partout, invitant les habitants à pourvoir à leur sûreté. Les uns se cachèrent dans la forêt des Ardennes, les autres au milieu des marais. Ceux qui étaient le plus près de l’Océan se réfugièrent dans les îles qui se forment à marée haute ; d’autres enfin s’expatrièrent et s’établirent dans des contrées éloignées. Catuvolcus, roi de la moitié du pays des Éburons, accablé par l’âge et les malheurs, s’empoisonna pour ne pas tomber vivant au pouvoir des Romains.

Pendant ce temps, César approchait du pays des Sègnes et des Condruses[1] ; ils vinrent le supplier de ne pas con-

  1. On doit croire d’après cela que, pendant sa marche, César traversa le territoire des Sègnes et des Condruses, ou qu’au moins il n’en passa pas loin. Cette considération nous a engagé à étendre ce territoire vers le nord plus qu’on ne le fait généralement. (Voir planches 2 et 14.)