Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/254

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de la première veille (vers huit heures du soir), à une distance de cent soixante milles.

Vercingetorix, jeune Arverne jouissant d’une grande influence dans son pays[1], et dont le père, Celtillus, un moment chef de toute la Gaule, avait été mis à mort par ses compatriotes pour avoir aspiré à la royauté, réunit ses clients et excite leur ardeur. Chassé de Gergovia par ceux qui ne voulaient pas tenter la fortune avec lui, il soulève les campagnes, et, à l’aide d’une troupe nombreuse, il reprend la ville, et se fait proclamer roi. Bientôt il entraîne dans son parti les Sénonais, les Parisiens, les Pictons, les Cadurques, les Turons, les Aulerques, les Lémovices armoricains, les Andes et les autres peuples qui bordent l’Océan. Le commandement lui est déféré d’un consentement unanime. Il exige de ces peuples des otages, ordonne une prompte levée de soldats, fixe la quantité d’hommes et d’armes que chaque pays doit fournir dans un temps donné ; il s’occupe surtout de la cavalerie. Actif, entreprenant, sévère et inflexible jusqu’à la cruauté, il livre aux tortures les plus atroces ceux qui hésitent, et par ces moyens de terreur forme rapidement une armée.

Il en envoya une partie chez les Rutènes, sous les ordres du Cadurque Lucterius, homme plein d’audace, et, pour entraîner les Bituriges dans le mouvement, il envahit leur territoire. En agissant ainsi, il menaçait la Province et garantissait ses derrières pendant qu’il se portait vers le nord, où était concentrée l’occupation romaine. À son approche, les Bituriges sollicitèrent le secours des Éduens, leurs alliés. Ces derniers, de l’avis des lieutenants de César restés à l’armée, leur envoyèrent un corps de cavalerie et d’infanterie pour les soutenir contre Vercingétorix ; mais,

  1. « Hic corpore, armis spirituque terribilis, nomine etiam quasi ad terrorem composito. » (Florus, II, x, 21.) Vercingetorix était né à Gergovia. (Strabon, IV, p. 158.)