Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/298

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nouvelle de son approche, l’ennemi accourut en grand nombre des pays voisins. Le commandement fut confié à l’Aulerque Camulogène, élevé à cet honneur, malgré son grand âge, à cause de sa rare habileté dans l’art de la guerre. Ce chef, ayant remarqué qu’un marais très-étendu se déversait dans la Seine et rendait impraticable toute la partie du pays arrosée par l’Essonne, disposa ses troupes le long de ce marais pour en défendre le passage. (Voir planche 23.)

Labienus, arrivé sur le bord opposé, fit avancer des galeries couvertes et essaya, au moyen de claies et de terre, d’établir un chemin à travers le marais : mais, rencontrant trop de difficultés, il forma le projet de surprendre le passage de la Seine à Melodunum (Melun), et, une fois sur la rive droite, de marcher vers Lutèce en gagnant de vitesse l’ennemi. Il sortit donc de son camp en silence, à la troisième

    dans l’angle même des deux cours d’eau, au milieu de marais peut-être infranchissables. Si quelques milliers de Gaulois avaient occupé ces hauteurs qui ont joué un rôle si important dans la campagne de 1814, Labienus, forcé de chercher plus haut, en amont, un point de passage, aurait été considérablement détourné de son but.

    On a cru à tort que la Bièvre était le marais où Labienus, dans sa marche sur la rive gauche de la Seine, avait été arrêté par l’armée Gauloise. Sans compter que la Bièvre, qui coule dans un terrain calcaire, n’a dû former à aucune époque un marais capable d’arrêter une armée, comment supposer que Labienus, parvenu sur ce cours d’eau, c’est-à-dire tout près de Lutèce, eût rétrogradé jusqu’à Melun, pour marcher de là vers l’oppidum des Parisiens par la rive droite de la Seine, ce qui l’attrait obligé à faire un trajet de vingt-quatre lieues ? La manœuvre de Labienus ne s’explique que par son désir de tourner la forte position de Camulogène et d’arriver plus tôt que lui à Paris. Le texte des Commentaires dit clairement que Labienus, arrêté par le marais qui se déverse dans la Seine, se déroba nuitamment, surprit le passage de la Seine à Melun et marcha sur Lutèce, où il arriva avant Camulogène. Pour que cette manœuvre ait réussi, le marais dont il s’agit devait nécessairement ne pas être éloigné de Melun. L’Essonne est seule dans cette condition. Le terrain qui borde cette petite rivière présente encore aujourd’hui, par sa nature, un obstacle très-sérieux pour une armée. Il est coupé d’innombrables tourbières, et c’est derrière la ligne de l’Essonne qu’en 1814 l’empereur Napoléon Ier établit l’armée pendant que l’ennemi occupait Paris.