Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/307

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Gray, soit à Pontailler, soit à Chalon[1]. Décidé à tenter la fortune, il convoque les chefs de la cavalerie. « Le moment de la victoire est venu, leur dit-il ; les Romains s’enfuient dans leur Province et abandonnent la Gaule. Si cette retraite nous délivre aujourd’hui, elle n’assure ni la paix, ni le repos de l’avenir ; ils reviendront avec de plus grandes forces, et la guerre sera interminable. Il faut donc les attaquer dans l’embarras de leur marche ; car ou les légions s’arrêtent pour défendre leur long convoi, et elles ne pourront pas continuer leur route, ou, ce qui est plus probable, elles abandonnent les bagages pour ne penser qu’à leur salut, et elles perdront ce qui leur est indispensable en même temps que leur prestige. Quant à leur cavalerie, elle n’osera certainement pas s’éloigner de la colonne ; celle des Gaulois doit montrer d’autant plus d’ardeur que l’infanterie, rangée devant les camps, sera là pour intimider l’ennemi. » Alors les cavaliers s’écrient : « Que chacun, par un solennel serment, jure de ne plus revoir le toit paternel, ni sa femme, ni ses enfants, s’il

  1. Le texte fait connaître qu’il établit trois camps. Cette disposition lui était commandée par les circonstances et la configuration des lieux. Les hauteurs de Sacquenay forment, en effet, trois promontoires, V, V, V (Voir planche 24), qui s’avancent vers le nord ; la route de Dijon gravit celui de gauche, la route de Pontailler celui du centre. En établissant trois camps sur ces trois promontoires, Vercingetorix occupait chacune de ces routes avec un tiers de son armée, et il appuyait sa droite à la Vingeanne.

    L’armée gauloise avait là une position très-forte par elle-même, car, pour l’emporter, il fallait aborder des versants élevés, faciles à défendre ; elle était, en outre, protégée par deux cours d’eau : l’un, la Vingeanne, qui couvrait sa droite ; l’autre, le Badin, petit affluent de la Vingeanne, qui garantissait son front. Dans l’espace compris entre ces deux cours d’eau et la route de Dijon à Langres s’étend un terrain, mesurant 5 kilomètres en tous sens, peu accidenté dans quelques parties, presque plat partout ailleurs, principalement entre la Vingeanne et la butte de Montsaugeon. Près de la route, et à l’ouest, s’élèvent des collines qui la dominent, ainsi que tout le pays, jusqu’au Badin et à la Vingeanne.