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Clodius nommé édile. Procès de Milon.

II. Les élections pour l’édilité avaient eu lieu le 11 des calendes de février de l’année 698 (28 décembre 697), et, grâce à beaucoup d’argent répandu, Clodius avait été nommé édile[1]. À peine revêtu de cette charge, qui le mettait à l’abri des poursuites de Milon, il attaqua son accusateur comme coupable d’attentat à main armée, le même crime précisément que Milon lui reprochait. Ce n’était pas Milon qu’il avait en vue, mais ses puissants protecteurs. En outre, alléguant des auspices défavorables, ou faisant agir quelques tribuns du peuple, il s’opposait absolument à la présentation par les consuls de toute affaire publique de quelque importance, sans en excepter la loi curiate, qui décernait le commandement aux proconsuls et aux propréteurs[2].

Le procès dont Clodius le menaçait inquiétait fort peu Milon, qui n’avait rien rabattu de son audace habituelle. En effet, à une époque où un personnage politique ne pouvait être en sûreté que sous l’escorte d’une bande armée, il était difficile de condamner Milon pour avoir des gladiateurs à sa solde, surtout lorsque ses ennemis avaient donné l’exemple de recourir à de tels auxiliaires.

La lutte judiciaire allait commencer, et l’on s’y préparait comme à un combat. L’accusé avait pour défenseurs Cicéron et Pompée ; la plus grande partie du sénat lui était favorable, et, dans la prévision d’émeutes, ses amis faisaient venir leurs clients de toute l’Italie et même de la Gaule cisalpine[3]. Clodius et Caius Caton, de leur côté, avaient réuni toutes leurs forces. Ils comptaient d’ailleurs que la populace, rendue encore plus turbulente par la disette, accueillerait fort mal Pompée, qui ne remédiait pas à la misère publique, et Cicéron, qui, au dire des superstitieux, avait attiré le courroux des dieux sur la ville en

  1. Cicéron, Lettres à Quintus, II, ii. – Dion-Cassius, XXXIX, xviii.
  2. Dion-Cassius, XXXIX, xviii, xix.
  3. Cicéron, Lettres à Quintus, II, iii.