pas de se les rappeler plus tard, lorsqu’on apprit les désastres de Syrie.
VIII. Vers la même époque, arrivèrent à Rome les nouvelles de la défaite des Usipètes et des Tenctères, du passage du Rhin, et de la descente en Bretagne ; elles excitèrent un vif enthousiasme, et le sénat décréta vingt jours d’actions de grâces[1]. La dernière expédition surtout fit une grande impression sur les esprits ; c’était comme la découverte d’un nouveau monde ; l’orgueil national était flatté d’apprendre que les légions avaient pénétré dans un pays inconnu dont on se promettait d’immenses avantages pour la République[2]. Cependant tous n’étaient pas éblouis par les succès militaires ; quelques-uns prétendaient que César n’avait pas traversé l’Océan, mais un simple étang[3], et Caton, persévérant dans sa haine, proposa de le livrer aux Germains : il l’accusait de les avoir attaqués au moment où ils envoyaient des députés, et, par cette violation du droit des gens, d’avoir attiré sur Rome la colère céleste ; il fallait, disait-il, la faire retomber sur la tête du général perfide. Diatribe impuissante qui ne prévalut pas contre le sentiment public[4] ! Toutefois, dès que César en eut con-
- ↑ Guerre des Gaules, IV, xxxviii.
- ↑ « César était très-fier de son expédition en Bretagne, et tout le monde à Rome le prônait avec enthousiasme. On se félicitait de connaître un pays dont auparavant on ignorait presque l’existence, d’avoir pénétré dans des contrées dont on n’avait pas entendu parler jusqu’alors ; chacun prenait ses espérances pour la réalité, et tout ce qu’on se flattait d’obtenir un jour faisait éclater une joie aussi vive que si on l’eût déjà possédé. » (Dion-Cassius, XXXIX, liii.) — « Après avoir débarqué en Bretagne, César crut avoir découvert un nouveau monde. Il écrivit (on ignore à qui) que la Bretagne n’était pas une île, mais un pays entourant l’Océan. » (Eumenius, Panégyriques, IV, ii.)
- ↑ Lucain, Pharsale, II, vers 571.
- ↑ « Sans tenir aucun compte de l’avis de Caton, le peuple fit pendant quinze jours des sacrifices pour célébrer cette victoire et donna les plus grandes marques de joie. » (Plutarque, Nicias et Crassus, iv.)