Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/433

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même que je préférais autrefois, n’est ni moins sûr ni moins tranquille, et, au risque de ma vie, je lutterais contre la tempête plutôt que de m’abandonner à la sagesse du pilote qui promet de me sauver ! Non, il n’y a point d’inconstance à suivre les mouvements que les orages impriment au vaisseau de l’État. Pour moi, j’ai appris, j’ai reconnu, j’ai lu une vérité, et les écrivains de notre nation, ainsi que ceux des autres peuples, l’ont consacrée dans leurs ouvrages par l’exemple des hommes les plus sages et les plus illustres ; c’est qu’on ne doit pas s’obstiner irrévocablement dans ses opinions, mais qu’on doit prendre les sentiments qu’exigent la situation de l’État, la diversité des conjonctures et le bien de la paix[1]. »

Dans son Discours contre Pison, il s’écrie : « Il me serait impossible, en considération des grandes choses que César a faites, et qu’il fait tous les jours, de n’être pas son ami. Depuis qu’il commande vos armées, ce n’est plus le rempart des Alpes que je veux opposer à l’invasion des Gaulois ; ce n’est plus au moyen de la barrière du Rhin, avec tous ses gouffres, que je veux arrêter les farouches nations germaniques. César en a fait assez pour que, si les montagnes venaient à s’aplanir, et les fleuves à se dessécher, notre Italie, privée de ses fortifications naturelles, trouvât dans le résultat de ses victoires et de ses exploits une défense assurée[2]. »

L’expansion chaleureuse de tels sentiments devait toucher César, lui inspirer de la confiance ; aussi engageait-il fortement Cicéron à ne pas quitter Rome[3].

L’influence de César continuait à grandir, les lettres et les discours de Cicéron le témoignent assez. S’agissait-il de faire arriver des citoyens tels que C. Messius, M. Orfius,

  1. Cicéron, Pour Cn. Plancius, xxxix. (An de Rome 700.)
  2. Cicéron, Discours contre L. Calpurnius Pison, xxxiii. (An de Rome 700.)
  3. Cicéron, Lettres à Quintus, III, i.