Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/447

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dans la forteresse de Sinnaka, éloignée seulement d’un jour de marche ; il aime mieux descendre dans la plaine pour secourir son général, qu’il ramène avec lui sur les hauteurs. Si l’on combat jusqu’au soir, tout ne sera pas perdu ; mais Surena a encore recours à la ruse : il envoie des propositions séduisantes, et offre une entrevue. Crassus la repousse : il veut combattre. Malheureusement les soldats, qui jusqu’ici avaient obéi à des ordres imprudents, refusent cette fois d’obéir au seul ordre qui puisse les sauver. Crassus est forcé d’accepter l’entrevue. Au moment où il s’y rend, une querelle fortuite, ou plutôt préparée par la trahison des Parthes, s’engage entre les escortes des deux nations. Octavius traverse de son épée un écuyer parthe ; une mêlée s’ensuit, toute l’escorte romaine est massacrée. Crassus est tué et sa tête portée à Orodes. De 40 000 légionnaires le quart seul survécut. La cavalerie de C. Cassius qui, au départ de Carrhes, s’était séparée de l’armée, et quelques autres fuyards réussirent à gagner la Syrie, à couvrir Antioche, et même à repousser plus tard avec bonheur l’invasion des Parthes dans la Province romaine.


Conséquences de la mort de Crassus.

V. La mort de Crassus eut deux conséquences sérieuses : la première de rehausser encore le mérite du vainqueur des Gaules en montrant ce que deviennent les armées les plus nombreuses et les mieux aguerries sous les ordres d’un chef présomptueux et inhabile ; la seconde, de faire disparaître de la scène un homme dont l’influence contenait l’ambition de deux personnages destinés à devenir rivaux. Avec Crassus, Pompée n’aurait pas été l’instrument d’un parti ; sans Pompée, le sénat n’aurait pas osé se déclarer contre César.

L’équilibre ainsi rompu, Pompée chercha un nouveau point d’appui. Son alliance avec César lui avait seule donné le concours du parti populaire. Cette alliance venant à s’affaiblir, il devait naturellement se rapprocher de l’aristo-