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CHAPITRE SEPTIÈME.

ÉVÉNEMENTS DE L’AN 702.

Meurtre de Clodius.

I. Rome ne semblait livrée qu’à de mesquines luttes de personnes ; mais derrière les hommes en évidence s’agitaient de graves intérêts et de violentes passions. Le mal qui mine une société à son insu se révèle lorsque des faits, sans grande importance par eux-mêmes, viennent tout à coup produire une crise imprévue, dévoiler des dangers inaperçus et montrer à tous cette société au bord d’un abîme dont nul n’avait soupçonné la profondeur. Ainsi, par de simples accidents de sa vie, Clodius semble avoir été destiné à faire éclater les éléments de trouble que recélait dans son sein la République. On le surprend dans la maison de la femme de César pendant un sacrifice religieux, et cette violation des mystères de la Bonne Déesse amène une scission funeste dans les premiers corps de l’État. Sa mise en accusation irrite le parti populaire ; son acquittement met au grand jour la vénalité des juges, sépare l’ordre des chevaliers de celui du sénat. L’animosité avec laquelle on le poursuit en fait un chef de parti redoutable, qui envoie Cicéron en exil, fait trembler Pompée et accélère l’élévation de César. Sa mort va réveiller toutes les passions populaires, inspirer tant de craintes à la faction opposée, qu’elle oubliera ses rancunes et ses jalousies pour se jeter dans les bras de Pompée, et, d’un bout de l’Italie à l’autre, tout le peuple sera en armes.

Le 13 des calendes de février 702 (13 décembre 701), Milon était parti de Rome pour se rendre à Lanuvium, sa