Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/459

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Caton, qui était un des membres du tribunal, s’écria en se bouchant les oreilles : « Je n’en crois point ce louangeur qui parle contre ses propres lois. » Les prévenus n’en furent pas moins condamnés.

Dans le but de réprimer la corruption électorale et de rechercher les coupables, il fut statué que tout condamné pour brigue qui parviendrait à convaincre un autre du même crime obtiendrait la rémission de sa peine. Memmius, condamné pour un fait semblable, voulant profiter du bénéfice de l’impunité légale, dénonça Scipion. Alors Pompée parut vêtu de deuil devant le tribunal auprès de son beau-père. À la vue de ce simulacre de tristesse et de la pression morale qui en résultait, Memmius se désista, en déplorant le malheur de la République. Quant aux juges, ils poussèrent la flatterie jusqu’à reconduire Scipion à sa demeure[1].

Pour arrêter dans les élections les menées d’une convoitise éhontée, il fut décrété que les consuls et les préteurs ne pourraient prendre le gouvernement d’une province que cinq ans après leur consulat ou leur préture[2]. On décourageait ainsi les ambitieux, qui se jetaient dans les plus folles dépenses afin d’arriver par l’une de ces magistratures au gouvernement des provinces. Et pourtant Pompée, quoique consul, non-seulement conservait le proconsulat d’Espagne, mais se faisait proroger son gouvernement pendant cinq années, gardait une partie de son armée en Italie, et recevait mille talents pour l’entretien de ses troupes. Dans l’intérêt de ses partisans, il ne reculait pas devant la violation de ses propres lois, ce qui a fait dire de lui par Tacite : suarum legum auctor idem ac subversor[3].

La loi précédente n’interdisait pas à César la possibilité

  1. Plutarque, Pompée, lix.
  2. Dion-Cassius, XL, lvi ; comp. xxx.
  3. Tacite, Annales, III, xxviii.