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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/50

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privé de tous droits, accablé de dettes, écrasé d’impôts, en butte aux violences des grands, sa condition différait peu de celle des esclaves. Les druides, ministres des choses divines, présidaient aux sacrifices, conservaient le dépôt des doctrines religieuses. La jeunesse, avide d’instruction, s’empressait autour d’eux. Dispensateurs des récompenses et des peines, ils étaient les arbitres de presque toutes les contestations publiques et privées. Aux particuliers, et même aux magistrats rebelles à leurs décisions, ils interdisaient les sacrifices, sorte d’excommunication qui séquestrait de la société ceux qui en étaient frappés, les mettait au rang des criminels, les éloignait de tous les honneurs et les privait même de la justice. Les druides avaient un seul chef, et le pouvoir de ce chef était absolu. À sa mort, le premier en dignité lui succédait ; si plusieurs avaient des titres égaux, ces prêtres recouraient à l’élection, et quelquefois même à une lutte armée. Ils s’assemblaient tous les ans dans le pays des Carnutes, en un lieu consacré, pour y juger les contestations. Leur doctrine, disait-on, venait de l’île de Bretagne, où, du temps de César, on allait encore la puiser comme à sa source[1].

  1. « Les Gaulois ont des poètes qui célèbrent dans des paroles rythmiques, sur une espèce de lyre, les hauts faits des héros, ou qui tournent en dérision les actions honteuses. » (Diodore de Sicile, V, xxxi). Et il ajoute : « Ils ont des philosophes et des théologiens, qui sont en grand honneur et qu’on nomme druides (selon certains textes, saronides). Ils ont des devins dont les prédictions sont très-respectées. Ceux-ci interrogent l’avenir à l’aide des augures et des entrailles des victimes ; et, dans les circonstances solennelles, ils recourent à des rites étranges et incroyables. Ils immolent un homme en le frappant avec une épée au-dessus du diaphragme, et ils tirent des présages de la manière dont il tombe, dont il se débat, dont le sang coule. L’autorité des druides et des bardes n’est pas moins puissante dans la paix que dans la guerre. Amis et ennemis les consultent et se soumettent à leur décision ; souvent elle a suffi pour arrêter deux armées prêtes à en venir aux mains. » Strabon (VI, p. 164, éd. Didot) rapporte à peu près les mêmes faits. Il distingue aussi les bardes, les devins et les druides.