I. Dans le courant de l’été, on se le rappelle, César était revenu à Arras, au milieu de son armée, campée au nord de la Gaule. Il était informé de ce qui se tramait à Rome ; il savait que ses ennemis ne voulaient entrer dans aucun arrangement, mais il espérait encore que le sénat maintiendrait la balance égale entre lui et son rival, car cette assemblée avait déjà manifesté ses tendances pacifiques et semblait même ne pas vouloir intervenir dans la querelle[1]. Il retourna pendant l’hiver de 704 à 705 dans la Gaule cisalpine, y présida, suivant sa coutume, les assemblées provinciales, et s’arrêta à Ravenne, dernière ville de son commandement[2]. Il n’avait à sa disposition que la 13e légion, forte de 5 000 hommes et de 300 chevaux[3] ; presque toute son armée, au nombre de huit légions, était restée en quartiers d’hiver dans la Belgique et dans la Bourgogne[4].
C’est à Ravenne que Curion, dont l’année de tribunat était expirée en décembre 704[5], vint le rejoindre en grande diligence. César le reçut à bras ouverts, le remercia de son dévouement et conféra avec lui sur les mesures à prendre. Curion lui proposa d’appeler les autres légions qu’il avait