Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/524

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que la fougue irréfléchie de ses ennemis vînt se briser contre sa fermeté et son bon droit. Les tribuns du peuple Marc-Antoine et Q. Cassius, accompagnés de Curion et de M. Cœlius, accourent près de lui[1]. À la nouvelle des événements de Rome, il envoie des courriers au delà des monts pour réunir son armée ; mais, sans l’attendre, il assemble la 13e légion, la seule qui eût passé les Alpes ; il rappelle en peu de mots à ses soldats les outrages anciens, les injustices récentes dont il est victime.

« Le peuple l’avait autorisé à briguer, quoique absent, un nouveau consulat, et, dès qu’il crut devoir profiter de cette faveur, on s’y opposa. On lui a demandé, dans l’intérêt de la patrie, de se dépouiller de deux légions, et, lorsqu’il en a fait le sacrifice, c’est contre lui qu’on les emploie. On a méprisé les décrets du sénat et du peuple, légalement rendus, et d’autres décrets ont été sanctionnés malgré l’opposition des tribuns. Ce droit d’intercession, que Sylla même avait respecté, on n’en a tenu aucun compte, et c’est sous des habits d’esclaves que les représentants du peuple romain viennent chercher un refuge dans son camp. Toutes ses propositions de conciliation ont été repoussées. Ce qu’on lui a refusé, on l’a accordé à Pompée, qui, entraîné par une malignité envieuse, a rompu les liens d’une ancienne amitié. Enfin quel prétexte pour déclarer la patrie en danger et appeler aux armes le peuple romain ? Est-on en face d’une révolte populaire, d’une violence tribunitienne comme au temps des Gracques, ou d’une invasion des barbares comme au temps de Marius ? D’ailleurs aucune loi n’a été promulguée, aucune proposition soumise à la sanction du peuple ; tout ce qui a été fait sans le peuple est illégitime[2]. Que les

  1. Les Commentaires disent, il est vrai, que les tribuns du peuple rejoignirent César à Rimini ; mais il est plus probable que ce fut à Ravenne, ainsi que le rapporte Appien (II, xxxiii), ou dans son camp, entre Ravenne et Rimini.
  2. Paroles de la proclamation de l’empereur Napoléon débarquant au golfe Juan en 1815.