Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

formait l’assemblée de la Gaule entière (concilium totius Galliæ)[1]. Tout s’y décidait à la pluralité des voix[2].

Il n’était permis de traiter les affaires de l’État que dans ces assemblées. Il appartenait aux magistrats seuls de faire connaître ou de cacher les événements, selon qu’ils le jugeaient utile, et c’était un devoir sacré pour celui qui apprenait, soit de l’extérieur, soit par la rumeur publique, quelque nouvelle intéressant le pays, d’en avertir le magistrat, sans en instruire aucun autre. Cette mesure avait pour but d’empêcher que les faux bruits n’induisissent en erreur des hommes téméraires ou ignorants, et que, sous cette première impression, ils ne se laissassent aller à des résolutions extrêmes.

De même que chaque État était partagé en deux factions rivales, de même toute la Gaule (la Belgique et l’Helvétie exceptées) était divisée en deux grands partis[3] qui exerçaient sur les autres une espèce de souveraineté (principatus)[4] ; et lorsque, dans des circonstances extraordinaires, un État particulier était parvenu à faire reconnaître sa prééminence, le chef de l’État privilégié prenait le nom de princeps totius Galliæ, comme l’avait été l’Arverne Celtillus, père de Vercingétorix[5].

Cette suprématie n’était cependant pas permanente ; elle passait d’une nation à une autre, objet d’incessantes convoitises et de sanglants conflits. Les druides, il est vrai, étaient parvenus à établir un centre religieux, mais il n’existait point de centre politique. Malgré certains liens fédératifs, chaque État était bien plus préoccupé de son individualité que de la patrie en général. Cette incurie égoïste des intérêts collectifs,

  1. Guerre des Gaules, I, xxx.
  2. Guerre des Gaules, VII, lxiii.
  3. Guerre des Gaules, VI, xi.
  4. Guerre des Gaules, VI, xii.
  5. Guerre des Gaules, VII, iv.