Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/73

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qui, dans une expédition hors de l’Helvétie, avait jadis fait périr le consul L. Cassius et passer son armée sous le joug[1].

Après ce combat, César, afin de poursuivre l’autre partie de l’armée ennemie et l’empêcher de se diriger vers le sud, jeta un pont sur la Saône, et transporta ses troupes sur la rive droite. Les barques affectées au service des vivres durent nécessairement faciliter cette opération. Il est probable qu’un détachement établi dans les défilés de la rive droite de la Saône, à l’endroit où est Lyon aujourd’hui, interceptait la route qui aurait pu conduire les Helvètes vers la Province romaine. Quant aux trois légions restées au camp de Sathonay, elles rejoignirent bientôt César. Frappés de son approche soudaine et de sa promptitude à effectuer en un seul jour un passage qui leur avait coûté vingt jours de peines, les Helvètes lui envoyèrent une députation, dont le chef, le vieux Divicon, avait commandé dans les guerres contre Cassius. Dans un langage plein de jactance et de menaces, Divicon rappela à César l’humiliation infligée autrefois aux armes romaines. Le proconsul répondit que le sou-

  1. Les fouilles pratiquées en 1862, entre Trévoux et Riottier, sur les plateaux de la Bruyère et de Saint-Barnard, ne laissent aucun doute sur le lieu de cette défaite. Elles ont révélé l’existence de nombreuses sépultures, tant gallo-romaines que celtiques. Les tumulus ont fourni des vases d’argile grossière, beaucoup de fragments d’armes en silex, des ornements en bronze, des fers de flèche, des fragments de douille. Ces sépultures sont les unes par incinération, les autres par inhumation. Dans les premières, nulle part la crémation n’a été complète, ce qui prouve qu’elles ont été faites à la hâte et exclut toute idée d’un cimetière ordinaire. Deux fosses communes étaient divisées chacune en deux compartiments, dont l’un ne renfermait que des cendres, et l’autre des squelettes humains, entassés pêle-mêle, squelettes d’hommes, de femmes et d’enfants. Enfin, de nombreux fours de campagne jalonnent en quelque sorte la route suivie par les Helvètes. Ces fours, très-communs au pied des coteaux abrupts de Trévoux, Saint-Didier, Frans, Jassans et Mizérieux, se retrouvent sur la rive gauche de l’Ain et jusque dans le voisinage d’Ambronay.