Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/75

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César suivit les Helvètes, et, pour surveiller leur marche, se fit précéder par toute sa cavalerie. Celle-ci, trop ardente à la poursuite, en vint aux mains avec la cavalerie ennemie, dans une position désavantageuse, et essuya quelques pertes. Fiers d’avoir repoussé 4 000 hommes avec 500 cavaliers, les Helvètes s’enhardirent au point d’oser parfois harceler l’armée romaine. Mais César évitait d’engager ses troupes, il se bornait à suivre chaque jour les ennemis à cinq ou six milles (8 kilomètres environ) de distance au plus, s’opposant aux dévastations qu’ils commettaient sur leur passage, et attendant une occasion favorable de leur faire éprouver une défaite.

Les deux armées continuaient leur marche avec une extrême lenteur, et les jours s’écoulaient sans que l’occasion tant désirée se présentât. Cependant le ravitaillement de l’armée romaine commençait à inspirer de sérieuses inquiétudes : les blés n’arrivaient plus par la Saône, car César avait été obligé de s’en éloigner pour ne pas perdre de vue les Helvètes. D’un autre côté, les Éduens ajournaient, sous de vains prétextes, l’envoi des grains qu’ils avaient promis. Or la moisson n’était pas encore mûre, le fourrage même manquait. Comme on approchait du jour de la distribution, César convoqua les chefs éduens, qui étaient en grand nombre auprès de lui, et les accabla de reproches.

    Le seul moyen d’aller de la basse Saône en Saintonge consiste à s’acheminer d’abord au nord-ouest vers les sources de la Bourbince, où se trouve la plus grande dépression de la chaîne de montagnes qui sépare la Saône de la Loire, et de marcher ensuite à l’ouest, pour descendre vers ce dernier fleuve. Cela est si vrai, qu’à une époque voisine de nous, avant la construction des chemins de fer, les voitures publiques, pour aller de Lyon à la Rochelle, ne passaient pas à Roanne, mais se dirigeaient au nord-ouest sur Autun et de là sur Nevers, dans la vallée de la Loire. On s’explique, en explorant le pays compris entre la Loire et la Saône, que César ait été obligé de se borner à suivre les Helvètes, sans jamais pouvoir les attaquer. On n’y trouve pas un seul point où il eût pu les gagner de vitesse, ou exécuter une manœuvre quelle qu’elle fût.