Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/90

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arbitre de sa destinée et l’implorer comme son sauveur. Il leur adressa des paroles encourageantes, et leur promit son appui. Plusieurs considérations l’engageaient à donner suite à ces plaintes. Il ne pouvait souffrir que les Éduens, alliés de Rome, fussent asservis par les barbares. Il voyait un danger réel pour la République dans les immigrations nombreuses de peuples farouches, qui, une fois maîtres de la Gaule, ne manqueraient pas, à l’exemple des Cimbres et des Teutons, de se jeter sur la Province romaine et, de là, sur l’Italie. Résolu de conjurer ces périls, il proposa une entrevue à Arioviste, probablement occupé, depuis la défaite des Helvètes, à rassembler son armée chez les Triboques (vers Strasbourg)[1], tant pour s’opposer aux projets ultérieurs des Romains que pour protéger la partie du pays des Séquanes qu’il s’était appropriée. Arioviste, on s’en souvient, avait été déclaré, sous le consulat de César, allié et ami du peuple romain, et cette faveur devait faire croire que le chef des Germains se montrerait traitable ; mais il refusa avec dédain l’entrevue proposée. Alors César lui envoya de nouveau des messagers pour lui signifier ses dernières conditions : « Si Arioviste tient à conserver son amitié, qu’il répare tout le mal fait aux alliés de Rome, et qu’il n’attire plus les barbares en deçà du Rhin ; si, au contraire, il repousse ces propositions, tant de violences seront punies en vertu du décret rendu par le sénat, sous le consulat de M. Messala et de M. Pison, qui autorise le gouverneur de la Gaule à faire ce qu’il juge utile pour la République, et lui enjoint de défendre les Éduens et les autres alliés du peuple romain. »

  1. Nous regardons comme certain, d’après le chapitre x du livre IV des Commentaires, que les Triboques, placés ordinairement par les géographes sur la rive droite du Rhin, occupaient aussi déjà la rive gauche. Il est donc naturel de placer chez ce peuple germain le lieu de rassemblement de l’armée d’Arioviste. D’ailleurs, pour l’intelligence de la campagne dont le récit va suivre, il ne faut pas chercher ce lieu, dans la vallée dû Rhin, plus haut que Strasbourg.